Les maladies rénales sont donc favorisées par une alimentation riche en calcium, mais également par celles trop riches en phosphore ou en protéine. Une hypervitaminose D peut causer également une insuffisance rénale. Si les causes d’insuffisance rénale sont parfois mal connues, elles peuvent être bactériennes suite à des abcès rénaux ou des pyélonéphrites, congénitales, toxiques, tumorales ou kystiques.
Une cause fréquente d’insuffisance rénale chez le lapin est l’infestation par le parasite Encephalitozoon Cuniculi, aussi responsable de syndromes de tête penchée ou torticolis.
Clinique
Dans le cas des maladies du bas de l’appareil urinaire, les signes sont souvent une hématurie (présence de sang dans les urines), une douleur à la miction (strangurie) qui peut se manifester par des cris lorsque l’animal urine, de multiples mictions (pollakiurie) avec une difficulté à uriner et souvent de petites quantité d’urine (dysurie).
Une perte d’appétit peut être rapportée. Dans le cas d’une obtruction, l’animal est incapable d’uriner et une vessie distendue et dure peut être palpée lors de l’examen clinique; on parle de globe vésical.
Les maladies rénales provoquent généralement une multiplication des mictions mais avec de grandes quantité d’urine, associée à une augmentation de la prise de boisson (polyuro-polydypsie). On peut observer un animal abattu, déshydraté, amaigrit et présentant une fonte musculaire.
Diagnostic
L’examen cytobactériologique urinaire sur un prélèvement d’urine réalisé par cystocentèse échoguidée permet de mettre en évidence la présence de bactéries dans les urines et la réalisation d’un antibiogramme pour mettre en place une antibiothérapie ciblée. L’examen des urines au microscope permet l’observation de cristaux. L’urine peut aussi être prélevée directement dans le bassinet rénal avec l’aide de l’échographe (pyélocentèse).
La prise de sang. L’examen biochimique permet la mesure de l’urée et de la créatinine dont l’augmentation est le signe d’une insuffisance rénale. Il permet donc le diagnostic de la maladie rénale. La numération des cellules sanguines permet de savoir si la maladie rénale se complique d’une anémie.
Le ionogramme permet de mesurer la concentration en phosphore, en calcium qui permettent de contrôler l’évolution d’une maladie rénale sous traitement. Il permet également de diagnostiquer une hyperkaliémie lors d’obstruction urétrale, qui est mortelle.
La radiographie permet l’observation de calculs urinaires et de sablose vésicale car les cristaux et calculs formés de calcium sont souvent visibles à la radiographie.
Une échographie permettra de situer plus précisément une minéralisation et d’évaluer les conséquences sur la structure du rein et sur l’uretère lorsque le calcul y est logé. De même, elle permet d’apprécier l’épaisseur de la paroi vésicale et elle présente une structure anormale (dans le cas de tumeurs, de polypes, ou de cystites très inflammatoires).
Présence d’un calcul dans le rein diagnostiqué par échographie
Traitement
Dans le cas de l’obstruction urétrale, le traitement principal consiste en la levée de l’obstacle, c’est-à-dire le sondage urinaire pour repousser le calcul dans la vessie. Celle-ci est ensuite rincée au sérum physiologique. L’animal est perfusé pour forcer le fonctionnement du rein. Un antibiotique est prescrit lorsque les urines contiennent des bactéries. Une alimentation pauvre en calcium sera par la suite mise en place.
Dans le cas de la maladie rénale, le traitement a pour but de retarder l’évolution de la maladie et le phénomène de fibrose du rein. Le fonctionnement du rein est favorisé par l’apport d’eau allégée en minéraux et par la perfusion lors de crises d’urémie.
Lorsque la cause de la maladie rénale est bactérienne, un antibiotique est mis en place. Une alimentation adaptée pour insuffisant rénal sera également prescrite sur le long terme.
Un traitement chirurgical peut être nécessaire dans plusieurs situations, en particulier lors de la présence d’un calcul de taille importante ou de certaines masses affectant le bon fonctionnement d’un organe. En effet, lors d’obstruction urétrale à répétition chez un mâle, de lésions de l’urètre, de calcul de taille importante dans l’urètre ne pouvant être éliminé par sondage urinaire, ou lors de tumeur urétrale, une amputation du pénis peut être nécessaire (urétrostomie).
La présence d’un calcul de taille importante ou d’un polype dans la vessie nécessite d’ouvrir celle-ci pour éliminer la cause de la cystite; on parle alors de cystotomie. Dans le cas d’un calcul rénal, une néphrotomie consiste à ouvrir le rein pour prélever le calcul. L’ablation du rein (néphrectomie) est envisagée si celui-ci est non fonctionnel suite aux lésions.
Complications
Les maladies du système urinaire, par la douleur abdominale qu’elles provoquent peuvent causer une anorexie.
Lors de maladies du bas appareil urinaire suite à des cristaux, des calcifications sont possibles dans tous les organes, avec des conséquences selon l’organe concerné. En particulier, cela peut causer une insuffisance rénale. Suite à une maladie obstructive de l’urètre, une distension excessive et prolongée de la vessie provoque une atonie vésicale, celle-ci n’étant plus capable de se contracter. L’animal devient incontinent.
Lors de maladies rénales, des ulcérations gastro-intestinales sont possibles, ainsi qu’une stase digestive suite à la déshydratation. Une anémie peut venir compliquer la maladie rénale avec un pronostic sombre.
AUTEUR
DR HUYNH, Spécialiste des Nouveaux Animaux de Compagnie