Quelles sont les causes d’ulcère de la cornée chez le chien et chat ?
Elles sont assez diverses. Chez le chat, la cause la plus fréquente est infectieuse, secondaire à une infection par le virus herpès félin. Chez le jeune chien, il est fréquent que des anomalies d’implantation des cils ou des malpositions des paupières en soient à l’origine. Les jeunes chiens sont également plus sujets aux plaies de lacération par des griffures de chat. Des origines traumatiques multiples peuvent être incriminées chez des individus de tous âges (coup de patte dans l’œil, branchages, etc.). Les chiens âgés (en général à partir de 7 à 8 ans) présentent assez fréquemment des ulcères cornéens récurrents d’origine dégénérative, associés à d’importants retards de cicatrisation. Enfin, une insuffisance lacrymale, ou plus généralement une sécheresse des surfaces oculaires provoquent fréquemment des ulcères cornéens.
Quels sont les signes d’appel d’un ulcère de la cornée chez le chien et le chat ?
Les ulcères cornéens sont extrêmement douloureux, car de nombreuses terminaisons nerveuses sensitives sont présentes dans la cornée, notamment dans ses couches superficielles. Les ulcères provoquent donc un larmoiement excessif sur l’œil concerné, une rougeur conjonctivale, un spasme des paupières ainsi qu’une accentuation de la douleur en pleine lumière.
- Perforation de cornée secondaire à la complication infectieuse d'un ulcère de cornée (photographie de droite). Une chirurgie de greffe est réalisée (photographie de gauche) afin de préserver le globe oculaire et la vision : il s'agit de la membrane translucide occupant les deux tiers centraux de la cornée
- Perforation de cornée provoquée par une griffure de chat. La cornée est bleutée en raison de l'inflammation. La "boule" noire faisant protrusion correspond à une partie de l'iris qui s'est engagée dans le trou à l'extérieur de l'oeil. Une chirurgie est indispensable pour sauver l'oei
Quels traitements envisager pour mon animal ?
Lorsqu’une cause mécanique (frottement de cils par exemple, anomalie palpébrale) peut être identifiée, il convient de corriger (souvent chirurgicalement) l’anomalie. De la même façon, toute sécheresse lacrymale doit être explorée face à un ulcère cornéen de façon à la corriger.
Dans le cas d’ulcères superficiels d’origine non dégénérative, un traitement médical topique destiné à prévenir une complication infectieuse associé à une gestion de la douleur suffit, et la cicatrisation intervient en quelques jours.
Dans le cas des ulcères d’origine dégénérative, une intervention chirurgicale bénigne est souvent requise en cas de retard important de cicatrisation.
En cas de signes de surinfection du lit de l’ulcère, un traitement médical topique intensif est requis : celui-ci repose sur l’administration de collyres toutes les heures, voire toutes les deux heures pendant 48 heures habituellement. Lorsque la perte de substance atteint 50% ou plus de l’épaisseur de la cornée, un traitement chirurgical est préconisé afin de combler la perte de substance et ainsi restaurer la solidité de la cornée : il s’agit de techniques de greffe.
Enfin, en cas de perforation de la cornée, un traitement chirurgical conservateur pour le globe oculaire peut être envisagé, à condition que celui-ci soit mis en œuvre dans des délais brefs (moins de 12 heures, voire moins de 48 heures). Passés de tels délais, le pronostic pour le globe oculaire devient très réservé.
- Aspect post-opératoire immédiat d'une greffe de biomatériau apposée sur un ulcère très profond (atteinte de plus de 90% de l'épaisseur de la cornée). Les points violets correspondent aux points de suture réalisés pour ancrer le greffon dans le lit de l'ulcère
- Aspect post-opératoire à deux mois, après réalisation d'une greffe de biomatériau sur un ulcère très profond de la cornée. Malgrè la cicatrice en regard de la partie centrale du greffon, l'oeil n'est pas inflammatoire et reste visuel
AUTEUR
DR PAYEN,Spécialiste en Ophtalmologie
RÉFÉRENCES
Vanore M, Chahory S, Payen G, Clerc B. (2007) Surgical repair of deep melting ulcers with porcine small intestinal submucosa (SIS) graft in dogs and cats. Veterinary Ophthalmology 10: 93-99.
Payen G, Klein A, Clerc B. (2006) Brûlures multiples à la soude caustique chez un chien. Le Point Vétérinaire 37 : 54-59.
Payen G. (2008) Présentation orale: Actualités dans le traitement de l’herpès virose, congrès de la société française de félinotechnie, Lyon.