Signes cliniques de l’hyperthyroïdie chez le chat
Un chat hyperthyroïdien présente en général un appétit augmenté (polyphagie), une polyuro-polydipsie, une perte de poids, des troubles digestifs (vomissements, diarrhée), une hyperactivité voire des changements de comportement (stress, agressivité, vocalises surtout pendant la nuit).
Plus rarement une hyperthermie est observée, et dans 10% des cas un abattement.
Tous les signes ne sont pas toujours présents. Parfois, la diarrhée ou l’amaigrissement constitue le seul signe d’alerte.
Certains chats sont asymptomatiques.
Lors de l’examen réalisé par le vétérinaire, il n’est pas rare de noter des anomalies de l’auscultation cardiaque (tachycardie, souffle cardiaque, bruit de galop).
L’examen clinique de la glande thyroïde permet de mettre en évidence un nodule dans plus de 80% des cas.
De nombreux chats sont asymptomatiques et leur hyperthyroïdie est diagnostiquée lors d’un bilan sanguin annuel chez le vétérinaire.
Chez la majorité des chats hyperthyroïdiens, on observe une augmentation des enzymes hépatiques lors d’un bilan sanguin.
Le dosage de l’hormone thyroïdienne appelée thyroxine (ou T4) dans le sang est le test de choix à réaliser lorsqu’on suspecte une hyperthyroïdie. Dans de rares cas, les résultats de ce dosage sont normaux malgré la présence de la maladie, et il est alors recommandé de répéter la prise de sang quelques semaines plus tard. Des dosages hormonaux plus complexes sont parfois nécessaires.
L’échographie de la thyroïde permet également d’identifier des lésions dans un grand nombre de cas.
Lorsque le diagnostic est établi, il est important de rechercher d’éventuelles complications de l’hyperthyroïdie comme l’hypertension artérielle systémique, une myocardiopathie hypertrophique, …
Une mesure de la pression artérielle et une échocardiographie sont alors à envisager.
- Echocardiographie d’un chat présentant une forme grave de cardiomyopathie hypertrophique secondaire à une hyperthyroïdie
- Echographie de la thyroïde d’un chat souffrant d’hyperthyroïdie
Traitement de l’hyperthyroïdie du chat
Les options de traitement sont nombreuses et le choix doit se faire en fonction des signes cliniques observés, mais aussi des résultats sanguins et des coûts.
Les chats hyperthyroïdiens étant le plus souvent âgés, une maladie rénale chronique peut également être présente.
Or l’hyperthyroïdie peut aider à compenser cette maladie rénale et ainsi la masquer. Dans certains cas, le traitement de l’hyperthyroïdie peut fait surgir une insuffisance rénale qui est à l’origine de signes cliniques plus délétères (anorexie, perte de poids, vomissements,…). Elle peut être irréversible et fatale. Le fonctionnement rénal doit donc être évalué avant toute décision thérapeutique et il est recommandé d’initier un traitement médical (et donc réversible) afin d’en observer les répercussions rénales avant d’envisager un traitement définitif (et donc irréversible).
Opération d’une tumeur de la thyroïde chez un chat
Traitement médical avec le méthimazole
Il est peu onéreux et peut être donné sur de longues périodes.
Les principaux inconvénients résident dans la nécessité de donner des comprimés matin et/ou soir, de devoir faire un suivi régulier. Des effets secondaires sont décrits chez 10% des chats traités (démangeaisons du visage et du cou, anorexie, vomissements, abattement).
Certains chats enfin sont résistants au méthimazole et une autre modalité de traitement doit alors être envisagée.
Alimentation spécifique Hill’s y/d
Une alimentation spécifique pour les chats hyperthyroïdiens a été mise sur le marché. Elle apporte très peu d’iode et prive ainsi la glande thyroïde de ce qui permet la fabrication de l’hormone. Cette alimentation permet à elle seule de contrôler les signes cliniques et la quantité d’hormones thyroïdiennes dans le sang.
Il est essentiel d’éviter impérativement tout autre apport alimentaire. Cette approche suppose donc que le chat aime cette alimentation, ne reçoive aucune autre alimentation (d’un autre chat, ou d’un chien présent à la maison par exemple) ou friandise, et qu’il ne chasse pas à l’extérieur.
C’est un traitement définitif qui suppose donc que le chat ne soit pas insuffisant rénal. Il est souvent réservé aux chats qui ne tolèrent pas le traitement médical ou diététique. Il consiste en l’injection intraveineuse d’iode radioactif. Cet iode est utilisé par la glande thyroïde pour produire la T4, et sa présence va alors détruire la glande de l’intérieur. Le traitement est définitif sous 3 mois dans 95% des cas. Il est onéreux, nécessite l’isolement obligatoire du chat dans un centre de radiothérapie pendant 2 semaines et présente le risque de révéler une insuffisance rénale sous-jacente.
C’est également un traitement définitif qui exige aussi que le fonctionnement rénal ait été vérifié. L’intervention consiste à retirer les 2 lobes thyroïdiens. Il est modérément onéreux mais il existe un risque d’hypothyroïdie, d’hypoparathyroïdie (et donc la nécessité de supplémenter le chat en hormone et/ou en vitamine D), d’atteinte du nerf laryngé récurrent (provoquant alors une modification de la voix voire des bruits respiratoires).
AUTEUR
DR LE BOEDEC, Spécialiste en médecine interne
RÉFÉRENCES
Poncet C. Chirurgie endocrienne de la thyroïde chez le chien et le chat. Le nouveau praticien vétérinaire, 2008, vol 5, (39), 61-66
Ettinger SJ et Feldmann EC (2010). Hyperthyroidism. In : Textbook of veterinary internal medicine, Seventh edition (Ettinger SJ et Feldmann EC), Saunders-Elsevier, St. Louis, 1761-78