Quand suspecter une endocardite chez le chien ?
Les symptômes d’une endocardite sont très variables et dépendent en partie de la maladie primitive. Une fatigue inexpliquée, une boiterie, des vomissements,… peuvent être les premiers signes, tout comme des épisodes inexpliqués de fièvre. L’apparition soudaine d’un souffle cardiaque est, en fonction des commémoratifs, un élément de forte suspicion, en particulier si son évolution (intensité et sonorité) est rapide quelques heures à quelques jours).
Les animaux atteints de certaines maladies cardiaques pré-existantes sont prédisposés aux endocardites mais dans ces situations, le diagnostic peut être très délicat.
Résonance magnétique mettant en évidence une infection entre deux vertèbres (flèche), sur un chien atteint d'une endocardite
Les animaux atteints de certaines maladies cardiaques pré-existantes sont prédisposés aux endocardites mais dans ces situations, le diagnostic peut être très délicat
Quels examens complémentaires sont utiles pour diagnostiquer une endocardite chez le chien ?
La radiographie est rarement d’un grand secours, sauf pour la recherche du foyer infectieux primitif.
L’électrocardiogramme peut présenter différentes modifications. Elles ne sont pas caractéristiques d’une endocardite mais le révélateur d’un « état de souffrance » du myocarde et un élément de pronostic.
L’échocardiographie peut assez souvent permettre d’identifier des lésions valvulaires , parfois très rapidement évolutives (quelques heures). L’échographie abdominale permet de rechercher d’éventuels foyers infectieux (reins, utérus, prostate, …).
Les examens biologiques sont essentiels pour rechercher des signes d’infection : numération-formule sanguine. C’est surtout la mise en évidence du germe par hémocultures qui permet un diagnostic de certitude et le choix d’un traitement antibiotique adapté. Toutefois, les hémocultures sont de réalisation délicate, demandent du temps, un laboratoire habitué et représentent un coût non négligeable. Parallèlement, si un foyer infectieux primitif est identifié, des prélèvements pour examen bactériologique et antibiogramme sont à effectuer à ce niveau également.
Echocardiographie sur un chien atteint d'une endocardite aiguë. La lésion sur la valve est ici très volumineuse (flèche). (AD : oreillette droite ; VD : ventricule droit)
Évolution de l’endocardite chez le chien
Certaines peuvent évoluer de façon sur-aiguë et être associée à une septicémie, souvent rapidement fatale. D’autres formes se manifestent plus sournoisement, voire de façon chronique. Leur diagnostic est souvent très difficile. Selon l’importance des lésions induites sur les valves cardiaques, l’endocardite peut être responsable de l’installation progressive d’une insuffisance cardiaque. Les endocardites peuvent également être responsables de discospondylites (infection intervertébrale).
Examen échocardiographique, Doppler codé couleur et Doppler continu. Les lésions consécutives à l'endocardite ont entrainé de grave perturbations au niveau de la valve aortique
Traitement de l’endocardite chez le chien
Les formes aiguës nécessitent une hospitalisation chez le chien. Si un foyer infectieux primitif est identifié, il doit être traité sans délai de façon appropriée.
Le traitement spécifique de l’endocardite repose sur la mise en place rapide d’une antibiothérapie massive par voie veineuse. Elle est adaptée en fonction des éventuels résultats de l’hémoculture et de l’antibiogramme, ou par les résultats bactériologiques effectués sur le foyer infectieux primitif. Le traitement par voie veineuse est poursuivi généralement pendant 5 à 7 jours au cours desquels une surveillance étroite du patient est maintenue (courbe de température, hématologie, fonction rénale, rythme cardiaque, …). Un relais par voie orale est ensuite possible pendant 2 à 6 semaines minimum.
Les conséquences d’une endocardite sur le fonctionnement du cœur peuvent être présentes dès le début, en particulier sous la forme de troubles du rythme cardiaque. Un traitement spécifique peut alors être nécessaire. À moyen terme, en fonction de l’importance des lésions résiduelles sur les valves atteintes, le développement d’une insuffisance cardiaque peut nécessiter la mise en place d’un traitement.
Références
CORLOUER JP – Les cardiopathies du chien - In : Rousselot JF, Corlouer JP et coll. - La cardiologie au quotidien – Guide pratique Vétoquinol – 2010, 156 p
CORLOUER JPh – Endocardite mitro-aortique chez un chien. – Prat Méd Chir Anim Comp, 35, 533-536, 2000.
CORLOUER JPh – Les endocardites bactériennes du chien. Le point Vétérinaire, Numéro spécial : Actualités thérapeutiques en cardiologie du chien et du chat, 2002, 63-65.
CORLOUER JPh – Maladies systémiques à répercussion cardiaque chez le chien – Ateliers du Sud-est AFVAC – Grasse, 2-4 octobre 2009