Les différents types de fracture du bassin chez le chien
Le bassin étant un cadre, une fracture unique est peu probable. L’animal présente généralement au moins deux fractures du bassin ou une fracture et une disjonction sacro-iliaque.
Les forces sont transmises depuis les membres postérieurs via l’acetabulum, l’ilium, la jonction sacro-iliaque et enfin la colonne vertébrale. Ainsi, une fracture de l’une de ces régions requiert un traitement chirurgical.
La chirurgie d’une fracture de l’acétabulum doit être aussi parfaite que possible afin de minimiser les lésions d’arthrose de la hanche consécutives à ce type d’intervention.
Les fractures de l’ischium ne justifient pas toujours une intervention.
Rechercher des lésions associées
Chez les chiens souffrant d’une fracture du bassin d’autres lésions peuvent être présentes et doivent être recherchées :
- Un traumatisme thoracique : hémorragie, atteinte des poumons, des côtes, du diaphragme (hernie diaphragmatique), …
- Une hémorragie abdominale due à un traumatisme de la rate ou du foie.
- Une rupture de la vessie.
- Une hernie abdominale par rupture du tendon pré-pubien.
Fractures du bassin chez le chien : fracture bilatérale des ilium (flèches rouges) et disjonction sacro-iliaque (flèche bleue)
Quel type de traitement chirurgical choisir pour une fracture du bassin chez le chien ?
- Les fractures incomplètes (chez le jeune animal), non ou peu déplacées peuvent être des candidates à un traitement non chirurgical encore appelé traitement conservateur.
- Une luxation sacro-iliaque est stabilisée par des vis et parfois des broches.
- Pour les fractures de l’ilium, qui engendre un rétrécissement du bassin, une chirurgie est quasi toujours indiquée. On utilise le plus souvent des plaques et des vis.
- Pour les fractures de l’acétabulum (ou articulation de la hanche) on utilise soit des plaques et des vis, soit des vis, des broches…La réduction doit être la plus parfaite possible afin de permettre un fonctionnement convenable de l’articulation et moins de développement d’arthrose. Lors d’impossibilité à reconstruire l’acétabulum, une résection de la tête et du col fémoral ou une prothèse de hanche peuvent être proposées.
- Les fractures situées en arrière du tiers postérieur de l’acétabulum ne sont pas une indication opératoire absolue.
- Si le nerf sciatique est touché, il y a indication rapide de chirurgie pour décomprimer le nerf mais le pronostic est réservé.
- Si un traumatisme thoracique sévère est présent, l’animal doit être stabilisé avant toute intervention au niveau du bassin.
- Les ruptures des voies urinaires sont une priorité.
La chirurgie du bassin a permis une stabilisation grâce à deux plaques et des vis. La disjonction sacro-iliaque a également été réparée par la mise en place d’une vis entre le sacrum et l’ilium.
Recommandations et soins post-opératoires
L’activité du chien est limitée aux sorties quotidiennes pour les besoins, en laisse courte avec un harnais de soutien.
La couche de l’animal doit être la plus confortable et la plus épaisse possible afin d’éviter la formation d’escarres. On prendra également soin de changer régulièrement l’animal de côté.
Une surveillance de la plaie chirurgicale doit être réalisée afin de prévenir une éventuelle surinfection bactérienne.
Si le chien lèche sa plaie, il peut provoquer une infection, faire sauter les points et retarder voire empêcher une belle cicatrisation. Une collerette est donc mise en place.
Des contrôles réguliers comprenant des radiographies sont nécessaires jusqu’à la fin de la cicatrisation osseuse.
Pronostic
Le pronostic post-chirurgical est très bon dans la majorité des fractures de l’ilium lors d’absence de lésions neurologiques. Lors de disjonction sacro-iliaque le pronostic est bon. Lors de fracture acétabulaire le pronostic dépend du type de fracture mais est plus réservé.
Quelles sont les complications possibles ?
- Comme lors de toute chirurgie, des complications peuvent survenir. Bien que rare, un décès lors de l’anesthésie reste possible. Grâce à l’utilisation de protocoles anesthésiques adaptés et d’appareils de monitorage instrumentés (ECG, oxymétrie pulsée, capnographie, mesure de la pression artérielle, etc…) par du personnel bien formé, on minimise ce risque.
- Une infection du site chirurgical demeure assez rare vu l’importante musculature qui couvre le bassin du chien.
- Une atteinte du nerf sciatique est possible, le plus souvent la lésion était présente avant l’intervention.
- Un défaut et un retard de cicatrisation osseuse.
- Un débricolage du montage orthopédique avant la consolidation de la fracture.
- Un développement d’arthrose si la fracture est articulaire.
- Une gestation doit être évitée, si la filière pelvienne s’est retrouvée modifiée ne permettant plus une mise bas par cette voie.
- Le développement de cals osseux ou de tissus cicatriciels peut engendrer une constipation chronique.
- Un entrappement de l’urètre (conduit d’excrétion de l’urine depuis la vessie vers l’extérieur) par des fragments osseux.
AUTEUR
DR RAGETLY, Spécialiste en chirurgie
RÉFÉRENCES
DeCamp C.E (2012). Fractures of the pelvis. In Veterinary Surgery. First edition (Tobias & Jonhston), Saunders CO, St Louis.