Généralités sur les fractures du cartilage de croissance dite de Salter Harris
La croissance en longueur des os se réalise principalement avant le 8ème mois chez les chiens de petite à grande taille. Ainsi les fractures impliquant le cartilage de croissance après cet âge sont moins graves.
Le cartilage de croissance est une zone fragile de l’os donc plus susceptible d’être endommagée.
Fracture salter harris distale du radius d’un chiot de 5 mois. Une chirurgie doit être réalisée
La classification de Salter-Harris des fractures du cartilage de croissance, décrite en médecine humaine donne une indication pronostique : une fracture Salter-Harris de type 1 aura un meilleur pronostic que le type 5. Toutefois, l’âge de l’animal au moment de la fracture et l’implication de l’articulation dans la fracture sont également très importants.
Quels sont les risques d’une fracture du cartilage de croissance chez le chiot ?
Les risques principaux sont ceux d’une fracture. La fracture est mal localisée et il faudra plus qu’un plâtre pour la réparer. Ces fractures doivent être bien réalignées chirurgicalement et stabilisées par broches, plaque et vis, ou une combinaison. La proximité de l’articulation rends les choses pus complexes.
Il ne faut pas négliger le traumatisme au niveau du cartilage de croissance.
Quelles sont les conséquences d’une atteinte du cartilage de croissance ?
Dans la plupart des cas, après la fracture le cartilage de croissance n’assure plus sa fonction et cette zone de l’os arrêtera de grandir à la même vitesse. Le plus souvent le cartilage de croissance opposé va compenser pour maintenir une longueur de l’os adéquate.
Si cette compensation est insuffisante, un déficit de croissance peut être observé. Lorsque le déficit final de croissance est inférieur à 10% de la taille normale de l’os, l’animal n’aura quasiment pas de problème pour courir. Ceci s’explique par la position physiologique du membre en semi flexion du chien, contrairement à l’homme qui est en extension permanente.
Parfois, une partie du cartilage reste fonctionnel et le traumatisme de celui-ci peut entrainer une croissance anormale. L’axe de l’os est modifié car une partie du cartilage de croissance va continuer à grandir mais pas l’autre. Cela peut entrainer des déformations du membre handicapantes.
Radiographie de l’humérus d’un chiot avec une fracture de la plaque de croissance | Vue latérale du même os que la photo 2. La fracture n’est que peu visible ce qui montre l’importance d’un bon diagnostic
Quel est le traitement pour une fracture pédiatrique chez le chiot ?
Le traitement est, comme pour beaucoup de fractures chez le chien, chirurgical. Il faut alors réduire la fracture pour réaligner les abouts osseux et maintenir l’os dans sa conformation naturelle puis la stabiliser avec des implants, le plus souvent des broches qui limitent moins la croissance.
Il n’y a pas de bonne alternative à la chirurgie.
Comment se déroule l’intervention chirurgicale?
Le chien est anesthésié et le membre à opérer est entièrement tondu. Un monitoring complet est mis en place.
Une incision est réalisée en regard du site de la fracture.
La fracture est réduite, le plus souvent avec des broches et parfois des vis. La quantité de matériel orthopédique est limitée afin de traumatiser le moins possible l’os en croissance. Des radiographies sont réalisées après l’intervention.
Vue post-opératoire montrant une bonne réduction, avec une stabilisation optimale | Vue post-opératoire montrant une bonne réduction, avec une stabilisation optimale
Pronostic
Le pronostic dépend du type de fracture (grade 1 à 5), de la localisation, de l’âge du chien et de la rapidité de la prise en charge.
Soins post-opératoires et recommandations
Des soins sont prodigués à votre chien, le contrôle de la douleur post-opératoire est géré au besoin avec plusieurs médicaments adaptés. Chez vous, des médicaments seront prescrits pendant quelques jours.
Un bandage est parfois mis en place pour quelques jours. Idéalement il est vite retiré pour que des mouvements passifs de flexion et d’extension puissent être réalisés afin d’éviter l’ankylose.
Un repos strict est nécessaire. Aucun jeu, course ou saut n’est autorisé jusqu’à cicatrisation osseuse.
Votre chien doit être réexaminé 3 semaines et 6 semaines environ après la chirurgie afin de s’assurer que tout se déroule correctement. Des radiographies sont souvent faites pour suivre la croissance osseuse et s’assurer qu’aucune complication en rapport avec la croissance osseuse n’a lieu.
Le retrait du matériel orthopédique (broches et vis) est parfois recommandé après consolidation osseuse.
Ces recommandations et les soins post-opératoires vous seront expliqués en détail par un vétérinaire au moment de la sortie de votre animal. Un compte rendu détaillé vous sera remis à cette occasion. En cas de problème ou de questions vous pourrez joindre en permanence une infirmière et un vétérinaire par téléphone. Notre hôpital est ouvert sans interruption, 24h/24, 7j/7.
Quelles sont les complications possibles ?
Comme lors de toute chirurgie, des complications peuvent survenir. L’utilisation de protocoles anesthésiques adaptés et d’appareils de monitorage instrumentés (ECG, oxymétrie pulsée, capnographie, mesure de la pression artérielle, etc…) par du personnel bien formé minimise le risque anesthésique.
L’infection est une complication possible malgré l’utilisation de techniques d’aseptie stricte pendant l’intervention.
Un sérome (une accumulation de sérum) peut apparaître sur le site chirurgical en raison de l’inflammation. Ceci se résout généralement spontanément en quelques jours.
La fracture peut ne pas cicatriser en première intention.
Une ankylose articulaire peut survenir. Elle est généralement due à un manque de rééducation.
Un lâchage ou une rupture des implants peut survenir et parfois nécessiter une réintervention.
Malgré une bonne réduction de la fracture des déformations du membre hors cours de la croissance sont possibles pouvant être responsables d’un handicap pour votre animal.
Lors de fracture impliquant l’articulation un développement d’arthrose est possible.
AUTEUR
DR RAGETLY,Spécialiste en chirurgie
RÉFÉRENCES
Tobias KM & Johnston SA. Section IV : Muskuloskeletal system. In Veterinary Surgery. First edition (Tobias & Jonhston), Saunders CO, St Louis