Le terme « hépatite chronique chez le chien » (HC) se réfère à un syndrome inflammatoire du foie qui a connu une grande variété d’appellations : hépatite chronique active, hépatite chronique lobaire, hépatite lymphoplasmocytaire, etc. L’inflammation chronique peut évoluer vers de la fibrose et cirrhose (stade terminal). Les signes cliniques sont variables en fonction du stade de la maladie : généraux, gastro-intestinaux, nerveux et urinaires. La démarche diagnostique comprend plusieurs étapes : des tests biochimiques, l’évaluation échographique du foie et, indispensable au diagnostic de certitude : la biopsie hépatique et son analyse histologique. Une fois le diagnostic définitif établi, le traitement pourra être alors adapté et suivi de manière optimale.
Les causes d’une hépatite chronique chez le chien
La cause de l’hépatite chronique reste indéterminée dans une grande majorité des cas ; on parle alors d’hépatite chronique idiopathique (HCI). Les hépatites chroniques peuvent être associées à des infections (leptospirose, virus de l’hépatite canin infectieuse), des médicaments et toxines et une accumulation de cuivre (hépatites chroniques cupriques (HCC).
Certaines races présentent une prédisposition comme : Doberman, Labrador,…
Examen et signes cliniques chez le chien
Le foie joue un rôle central dans divers processus incluant : le métabolisme (carbohydrates, lipides et protéines), la détoxification, le stockage (vitamines, glycogène,…), la digestion des graisses et la régulation de la fonction immunitaire. Les signes cliniques des hépatites chroniques reflètent l’atteinte de ces fonctions et varient selon le stade de la maladie.
Ictère marqué visble au niveau de l'oeil (sclère) d'un chien
Le foie possède une capacité de réserve énorme, d’où l’apparition assez tardive de signes plus spécifiques de la maladie hépatique comme l’ictère, l’hypoglycémie, les troubles de l’hémostase, l’encéphalose hépatique ou l’ascite. Les signes précoces sont souvent non spécifiques : abattement, anorexie, vomissement, polyurie/polydipsie (PUPD), etc.
Examens complémentaires (vétérinaire)
Analyses sanguines et de liquide d’ascite
Les examens biochimiques comportent deux volets : l’évaluation des lésions cellulaires par les tests de cytolyse (enzymes hépatiques : transaminases et phosphatases alcalines) et l’évaluation du fonctionnement hépatique par les tests de fonction (acides biliaires, albumine,…). Les résultats anormaux des tests de fonction permettent de suspecter une insuffisance hépatique, mais ne précisent en aucun cas la nature de la maladie hépatique sous-jacente.
Le bilan hématologique permet d’évaluer la présence d’une anémie, d’une leucocytose et/ou thrombocytopénie.
Les hépatocytes sont responsables de la production de la quasi-totalité des facteurs de coagulation. Les anomalies des tests de coagulation sont donc fréquemment rencontrées lors d’hépatite chronique. Toutefois, les hémorragies spontanées sont très rares. Les tests de coagulation sont donc essentiels avant toute prise de biopsie hépatique.
L’analyse d’un liquide d’ascite permet de préciser sa nature et d’orienter le diagnostic.
Les signes gastro-intestinaux intermittents, comme anorexie, hypersalivation, vomissement, diarrhée sont rencontrés couramment lors d’hépatites chroniques. Les animaux atteints sont également prédisposés aux ulcérations gastro-intestinales pouvant aboutir à du méléna, de l’hématémèse et des douleurs abdominales. Les animaux sévèrement atteints sont typiquement présentés avec une combinaison des signes suivants : abattement, anorexie, faiblesse, amaigrissement, vomissement, PUPD et/ou ascite. L’ictère, la fièvre, ainsi que les signes nerveux et de problèmes de coagulation sont relativement rares.
Examens d’imagerie médicale vétérinaire
La radiographie abdominale n’est pas d’une grande utilité dans le diagnostic d’une hépatite chronique. Elle permettra d’apprécier la taille du foie : hépatomégalie ou microhépatie et la présence d’ascite.
L’examen échographique est incontournable dans l’évaluation du foie. Il permet d’apprécier la taille, la forme et la structure du parenchyme hépatique, ainsi que la répartition des lésions, indispensable lors de la réalisation de biopsies.
Les lésions observées en cas d’hépatite chronique sont rarement spécifiques. L’absence d’anomalie échographiquement visible n’exclue pas la présence d’une hépatite chronique. Seule la réalisation de biopsies et l’examen histologique permettent d’établir un diagnostic de certitude.
Réalisation de biopsies hépatiques échoguidées sous anesthésie générale à l'aide d'un pistolet à biopsies
Examen histologique
Si les signes cliniques, les examens de laboratoire et l’imagerie médicale permettent de suspecter une hépatopathie chronique (dont l’hépatite chronique), la réalisation de biopsies et leur analyse histologique (classique, colorations spéciales, dosage du cuivre tissulaire) sont indispensables afin de poser un diagnostic de certitude et de mettre en place un traitement ciblé (hépatite chronique idiopatique ou hépatite chronique cupriques). La cytologie simple (à l’aiguille fine) n’est pas suffisante dans le diagnostic d’une hépatite chronique. La prise de biopsie peut être réalisée de manière échoguidée (figure 3), par laparoscopie ou laparotomie exploratrice. Une culture bactériologique peut être envoyée en cas de suspicion de complication bactérienne.
Traitement des hépatites chroniques chez le chien
Le traitement sera adapté en fonction du diagnostic. Plus le diagnostic est précis (diagnostic définitif : biopsies et analyse histologique), plus le traitement sera ciblé. La durée de traitement minimale est de 3 à 6 mois. Un suivi régulier (tests de fonction hépatique, histologie,…) est essentiel.