Quels sont les symptômes, comment faire le diagnostic d’une insuffisance pancréatique exocrine (IPE) chez le chien?
Les jeunes chiens sont préférentiellement atteints. La perte de poids associée à un appétit normal ou augmenté est une observation très fréquente. La polyphagie (appétit très augmenté) est parfois extrêmement importante. La prise de boisson (polydipsie) peut être augmentée pour compenser les pertes en eau.
La diarrhée est le motif de consultation le plus fréquent mais elle peut intervenir après l’amaigrissement. L’intensité de la diarrhée et la consistance des selles sont très variables. Certains propriétaires rapportent des selles très volumineuses mais quasiment formées alors que d’autres signalent une fluctuation entre des épisodes de selles liquides et des épisodes de selles bouseuses. Les selles sont souvent de couleur pâle.
Maladies du pancréas du chien : selles décolorées et en «bouse » chez un chien avec une insuffisance pancréatique exocrine (IPE)
La stéatorrhée est parfois suffisamment importante pour que des selles huileuses soient visibles.
La présence de borborygmes et flatulences est fréquente. De la coprophagie (appétit pour ses propres selles) est parfois rapportée et est attribuée aux carences et au caractère appétant des selles contenant des graisses non digérées.
L’examen sanguin est essentiel pour éliminer d’autres maladies pouvant donner un tableau clinique comparable, tout comme l’examen des selles avec recherche d’éléments non digérés (grains d’amidon, globules graisseux, fibres musculaires). On parle de maldigestion. Mais attention, certaines entéropathies peuvent également entraîner une maldigestion sans être pour autant associées à une IPE.
Le diagnostic d’insuffisance pancréatique exocrine doit obligatoirement être confirmé par des examens plus spécifiques comme la mesure du TLI.
Traitement d’une insuffisance pancréatique exocrine (IPE) chez le chien
Le traitement de l’insuffisance pancréatique exocrine du chien fait appel à l’administration d’extraits pancréatiques lors de chaque repas. Le phénomène de prolifération bactérienne est quasi-systématiquement présent lors d’IPE ce qui nécessite souvent de recourir à l’utilisation concomitante de certains antibiotiques.
L’administration d’anti-acides est souvent préconisée car il est reconnu qu’une partie des enzymes de supplémentation sont détruites par l’acidité gastrique.
L’hypovitaminose B12 peut être corrigée par des injections hebdomadaires pendant 8 semaines.
Les idées reçues véhiculent la nécessité d’une alimentation pauvre en lipides. Or bon nombre d’études montrent que le pronostic de rémission clinique n’est pas amélioré par ce type d’aliments. Une étude récente montre que les symptômes sont mieux contrôlés en conservant le même type d’aliment que le chien avait au moment du diagnostic. En l’état actuel de nos connaissances, le maintien d’un aliment d’entretien est préconisé. En cas de difficulté de stabilisation, une alimentation utilisant des protéines hydrolysées peut aider.
L’absence d’amélioration avec un traitement adapté doit amener à reconsidérer le diagnostic (le diagnostic est-il certain ?) et à envisager la présence concomitante d’une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI) nécessitant un traitement immunodépresseur.
Y a-t-il des races prédisposées ?
Certaines races présentent une prédisposition comme : Berger allemand, Cavalier King Charles spaniel, …
AUTEUR
DR LE BOEDEC, Spécialiste en médecine interne
RÉFÉRENCES
Gastro-entérologie clinique du chien et du chat. Chap 14. Ed. Masson