Ostéochondrose et ostéochondrite chez le chien : troubles articulaires

Qu’est ce qu’une ostéochondrose, ostéochondrite chez le chien ?

L’ostéochondrose chez le chien est un « trouble local de l’ossification endochondrale ». Cette anomalie du chien en croissance est le résultat d’un défaut de différenciation du cartilage articulaire en os dans ses couches profondes. Ainsi, le cartilage devient de plus en plus épais sur la zone atteinte au fur et à mesure que la croissance se fait (on parle alors d’ostéochondrose). Il peut avoir tendance à se fissurer (on parle alors d’ostéochondrite), voire à se détacher (on parle d’ostéochondrite disséquante). L’ostéochondrite disséquante est la forme la plus couramment observée en clinique.

Origine de l’ostéochondrose chez le chien chien

L’origine de l’ostéochondrose chez le chien est à ce jour toujours incertaine, mais très probablement d’origine multifactorielle.

L’hypothèse la plus probable repose sur des lésions vasculaires à l’origine d’un défaut d’oxygénation et d’apport nutritif au cartilage, entravant le processus d’ossification.

Les microtraumatismes répétés sur l’articulation semblent être une des causes possibles d’ostéochondrose. D’autres paramètres ont été plus controversés, comme l’alimentation, les désordres électrolytiques ou la vitesse de croissance.

Une cause héréditaire est fortement suspectée, avec une prédisposition des races  grandes à géantes.  Les mâles sont également plus souvent atteints. Les principales races souvent affectées par cette maladie sont : Berger allemandBulldog anglaisGolden retrieverLabradorRetriever de la baie de ChesapeakeRottweiler, Setters, …

Principales localisations de l’ostéochondrose (ostéochondrite ou OCD) chez le chien   Aspect radiographique typique d’une ostéochondrite (ou OCD) d’épaule chez un chien de race boxer de 8 mois

Principales localisations de l’ostéochondrose (ostéochondrite ou OCD) chez le chien | Aspect radiographique typique d’une ostéochondrite (ou OCD) d’épaule chez un chien de race boxer de 8 mois. On note une atteinte de la partie postérieure de la tête de l’humérus (flèche)

Principales articulations atteintes par l’ostéochondrose chez le chien

L’ostéochondrose a été décrite sur différentes articulations (photo 1). L’épaule est le site le plus fréquemment atteint, devant le coude, le grasset et le jarret (tarse). Parfois, le sacrum peut être concerné.

Signes cliniques de l’ostéochondrose chez le chien

Les signes cliniques apparaissent à partir du moment ou le cartilage se fissure ou se décolle. Ils se manifestent initialement par une gène articulaire et une boiterie. Une inflammation importante ainsi qu’une gène à la mobilisation de l’articulation est fréquente.

Classiquement, les animaux commencent à boiter durant la croissance, entre 4 et 9 mois d’âge.

Une atteinte bilatérale est présente dans près de 50% des cas pour les ostéochondroses affectant l’épaule.

Diagnostic de l’ostéochondrose et de l’ostéochondrite disséquante du chien

L’examen clinique permet d’émettre une suspicion. Mais, lors de douleur articulaire, le premier examen complémentaire à réaliser est une radiographie de l’articulation (photo 2). Le cartilage articulaire (qui est le siège de l’anomalie) n’est pas visible sur une radiographie, car non minéralisé, mais un examen détaillé de l’os et de l’articulation permet de voir des signes associés. Dans le cas d’ostéochondrose, les radiographies pourront mettre en évidence un défaut de minéralisation, une irrégularité de contour, une augmentation de la densité osseuse, voire un fragment minéralisé libre dans l’articulation.

La réalisation d’une arthrographie permettait de souligner par contraste négatif le cartilage articulaire mais cet examen est devenu désuet étant donné les modalités d’imagerie moins invasives qui sont maintenant disponibles en médecine vétérinaire.

L’IRM ou le scanner sont des examens d’imagerie en coupe qui apportent une sensibilité supérieure à la radiographie conventionnelle dans la détection de lésions articulaires. Ils sont réalisés le plus souvent en deuxième intention, après une suspicion clinique et radiographique. La réalisation d’un arthroscanner (photo 3), permet une meilleure évaluation de la surface articulaire, nécessaire à la détermination du stade lésionnel. Enfin, la possibilité de reconstruction tridimensionnelle des images constitue un atout majeur (photo 4).

Enfin, l’arthroscopie permet une visualisation directe des surfaces articulaires (épaule, coude, …) et des éventuelles souris articulaires. Cette technique diagnostique offre également l’avantage de permettre le traitement dans le même temps.

1. Arthroscanner du genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois présenté pour boiterie   2. Reconstruction en 3D à partir d’un scanner de genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois atteint d’une ostéochondrite disséquante.

  1. Arthroscanner du genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois présenté pour boiterie. Une irrégularité de contour du condyle fémoral médial est visible (flèches bleues), et du liquide de contraste (flèches rouges) diffuse jusqu’au contact de l’os. Un diagnostic d’ostéochondrite disséquante est alors établi
  2. Reconstruction en 3D à partir d’un scanner de genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois atteint d’une ostéochondrite disséquante. Un défect osseux (flèche rouge) correspondant à un épaississement focal du cartilage articulaire est clairement visible sur le condyle fémoral médial

Traitement de l’ostéochondrose chez le chien

Le traitement classique de l’ostéochondrite disséquante consiste en une exérèse du volet cartilagineux par arthroscopie associée à un curetage de l’os sous-chondral et des marges de la lésion. L’apport vasculaire issu de l’os sous-chondral après curetage permet d’obtenir progressivement le comblement de la zone déminéralisée par un tissu fibrocartilagineux. L’arthrotomie a été démontrée comme plus invasive et entraînant une moins bonne récupération fonctionnelle.

Dans certains cas, une greffe de cartilage (prélevée en général au niveau du genou) peut être proposée pour combler le défect, avec pour objectif de restaurer une surface cartilagineuse aux propriétés mécaniques aussi proches que possible du cartilage originel. Cette technique chirurgicale vise aussi à apporter un soutien osseux, et par conséquent une assise solide, au cartilage articulaire en remplaçant la portion osseuse non-minéralisée.

De nouvelles approches avec du cartilage synthétique de remplacement sont également possibles selon les cas.

Pronostic de l’ostéochondrose chez le chien

Le pronostic de récupération est dépend de la zone atteinte, de son étendue, et de l’âge de l’animal.

Une prise en charge précoce aide beaucoup à limiter les atteintes secondaires. Il est donc important de bien évaluer les chiens en croissance qui boitent.

Le pronostic est également dépendant du traitement réalisé.

Il est très favorable pour l’ostéochondrite disséquante de l’épaule, mais l’est moins pour celle du grasset. L’ostéochondrite disséquante du tarse et du coude (humérus) dépendent vraiment de la taille de la lésion.

1. Photographie per-opératoire du genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois atteint d’une ostéochondrite disséquante.   2. Aspect du volet de cartilage retiré du genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois atteint d’une ostéochondrite disséquante

  1. Photographie per-opératoire du genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois atteint d’une ostéochondrite disséquante. Le fragment de cartilage anormal est visible (flèches bleues)
  2. Aspect du volet de cartilage retiré du genou d’un chien American Staffordshire Terrier de 6 mois atteint d’une ostéochondrite disséquante

 

AUTEUR

DR RAGETLY, Spécialiste en chirurgie

RÉFÉRENCES

Ytrehus B, Carlson CS, Ekman S : Etiology and pathogenesis of osteochondritis, Vet Pathol, 2007, Vol. 44, p. 429 – 448

Tobias-Johnston : Veterinary surgery : small animal Volume 2, chapter 73, p 1178. Edition Elsevier, January 2012

Van Bree JJ, Van Ryssen B : Diagnostic and surgical arthroscopy in osteochondrosis lesion, Vet Clin North Am Small Anim Pract, 1998, Vol.28, p.161 – 185

Cook JL, Hudson CC, Kurori K : Autogenous osteochondral grafting for treatment of stifle osteochondrosis in dogs. Vet Surg, 2008, Vol 37, p. 311 – 321

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