Qu’est ce qu’un ostéosarcome chez le chien ?
Un ostéosarcome chez le chien est une tumeur maligne de l’os à l’origine d’un cancer grave. Les ostéosarcomes sont les tumeurs osseuses les plus fréquentes chez le chien, puisqu’ils représentent environ 85% des cas de tumeurs osseuses.
Les races grandes à géantes sont sur-représentées, avec une prédisposition raciale chez le Barzoï, le Berger Allemand, le Doberman, le Dogue allemand, le Golden Retriever, le Greyhound, l’Irish Wolfhound, le Rottweiler, le Saint Bernard, le Scottish Deerhound, le setter Irlandais.
Les chiens affectés sont souvent des animaux âgés de plus de 10 ans, mais une atteinte plus précoce est également décrite chez des chiens âgés de 18 à 24 mois.
Les ostéosarcomes se localisent préférentiellement au niveau de l’extrémité des os longs. Les 2 sites les plus fréquemment touchés sont la partie distale (basse) du radius et la partie proximale (haute) de l’humérus, suivie de la partie distale du fémur, et la partie proximale et distale du tibia.
Il existe aussi des ostéosarcomes extra squelettiques, décrits dans de nombreuses localisations (tube digestif, rate, foie, appareil génital, œil, poumon, …). Ce sont des formes moins fréquentes que les ostéosarcomes des côtes par exemple.
Principaux signes cliniques lors d’un ostéosarcome chez le chien
Les chiens atteints présentent souvent une boiterie qui évolue depuis plusieurs semaines, d’apparition insidieuse, intermittente au début et qui a tendance à s’aggraver. Un gonflement localisé du membre boiteux est parfois observé.
Le traitement avec des anti-inflammatoires aide mais pas suffisamment.
Echographie du foie chez un chien atteint d’un ostéosarcome extra-squelettique.
Une atteinte de l’état général avec perte de poids, fonte musculaire, baisse de forme, troubles digestifs (perte d’appétit, diarrhée, vomissement), troubles respiratoires est également fréquente mais beaucoup plus tardive.
Parfois, les animaux présentent une boiterie sévère d’apparition brutale liée à une fracture de l’os fragilisé au niveau de la tumeur (en général à la faveur d’un traumatisme mineur, qui en temps normal passerait inaperçu).
Diagnostic d’un ostéosarcome chez le chien
Le diagnostic définitif d’ostéosarcome ne peut s’établir qu’à partir d’une biopsie osseuse et d’une analyse histologique. Cependant, d’autres moyens permettent le plus souvent d’établir une très forte suspicion, suffisante pour envisager les options thérapeutiques.
La confrontation des signes cliniques, du signalement de l’animal (âge, race, durée d’évolution des symptômes) et l’aspect radiographique de la lésion permettent dans la plupart des cas de suspecter très fortement un processus tumoral osseux. La cytologie peut aider à appuyer la suspicion.
Un ostéosarcome se manifeste radiographiquement par une perte de l’aspect trabéculaire normal de l’os (lyse osseuse), une réaction du périoste (la membrane qui entoure les os) et une prolifération osseuse anormale. La localisation des lésions (au niveau de l’extrémité des os) conforte également la suspicion. Cependant, les radiographies ne permettent jamais de donner la nature exacte de la tumeur.
Les autres atteintes osseuses pouvant prendre le même aspect radiographique sont d’autres types de tumeurs (chondrosarcome, fibrosarcome, hémangiosarcome, myélome multiple, lymphome), des ostéomyélites fongiques ou bactériennes, ou encore des kystes osseux.
Une fois le diagnostic de tumeur osseuse établi, un bilan d’extension doit être réalisé afin de déterminer le degré de dissémination du cancer. Des radiographies et/ou un scanner des poumons permet de rechercher la présence de nodules, et permettent d’évaluer la taille des ganglions.
Ostéosarcome du radius chez un chien
Traitement d’un ostéosarcome chez le chien
Le traitement de l’ostéosarcome chez le chien est avant tout chirurgical avec :
- L’amputation qui permet de retirer la totalité de l’os, de préférence associée à une chimiothérapie. L’amputation n’augmente pas l’espérance de vie, elle augmente très sensiblement le confort de l’animal et supprime la douleur. De plus, elle permet de limiter le risque de dissémination du cancer. Une rééducation est rarement nécessaire puisque les animaux s’adaptent très rapidement à une locomotion sur 3 pattes. Cependant, une évaluation préopératoire attentive est nécessaire. En effet, tous les animaux ne constituent pas de bons candidats pour une amputation (animaux très arthrosiques, affaiblis, en surpoids, ayant déjà des métastases pulmonaires avancées, ou ayant déjà subi une amputation).
- Dans le cas ou une amputation n’est pas envisageable, un traitement conservateur qui permet de retirer le segment osseux tumoral, tout en préservant la fonctionnalité du membre, peut être proposé (on parle de « limb sparing » ou d’endoprothèse). L’intervention consiste à retirer la tumeur osseuse avec des marges, et de remplacer l’os par une endoprothèse synthétique renforcée avec une longue plaque et des vis.
Cela reste une intervention lourde et qui peut être sujette à des complications (40 à 75% des cas). Elle n’empêche pas le cancer de se développer mais, comme l’amputation, améliore la qualité de vie. Seuls certains types d’ostéosarcomes (notamment certaines localisations, en particulier affectant la partie distale du radius) et certains chiens constituent de bons candidats pour ces procédures.
En complément de la chirurgie, il existe des traitements adjuvants :
- La chimiothérapie permet d’augmenter de manière significative l’espérance de vie (doublement par rapport à une amputation seule)
- La radiothérapie permet essentiellement de réduire localement l’inflammation et la douleur, mais n’augmente pas de façon importante l’espérance de vie. De plus, seuls 50 à 90% des animaux répondent à la radiothérapie
- L’immunothérapie. Des travaux récents menés aux USA font état de résultats encourageants avec l’utilisation d’un « vaccin » génétiquement modifié, injecté par voie veineuse et préparé à partir d’une bactérie (Listeria monocytogenes).
Amputation d’une patte arrière