Quelles sont les indications de la résection-arthroplastie de la hanche (RTCF) chez le chien ?
Les fractures graves de l’acétabulum ou de la tête ou du col fémoral :
Les fractures graves de l’acétabulum ou de la tête ou du col fémoral qui ne peuvent parfois pas être réparées ou qui risquent d’être responsable d’un développement trop important d’arthrose sont des indications d’une résection arthroplastie de la tête et du col fémoral (ou de prothèse totale de la hanche).
La maladie de Legg-Perthes-Calve (ou nécrose aseptique de la tête fémorale) :
Une forme de dégénérescence de l’articulation coxo-fémorale, appelée maladie de Legg-Perthes-Calve existe chez les petits chiens en raison d’une probable altération de la vascularisation de la tête fémorale. Cette maladie provoque l’effondrement de la tête du fémur et il en résulte de la douleur.Cette maladie touchant les petits chiens, une résection de la tête et du col fémoral est une parfaite indication. Il n’y a en effet pas d’autre traitement possible.
La luxation de la hanche :
La luxation de la hanche survient souvent après un traumatisme violent. Lorsque la hanche ne présente pas de problème antérieur à l’accident une réduction est possible et de bon pronostic. Dans différents cas de figure, une résection de la tête et du col fémoral ou une prothèse de hanche sont indiquées. Par exemple lors de dysplasie, la hanche peut alors être tellement modifiée qu’elle peut se luxer suite à un traumatisme mineur. La réduction de la luxation (remise en place) est généralement inefficace car la hanche est trop modifiée. Lorsque la luxation est associée à une fracture ou lorsque la luxation est ancienne, la hanche ne peut pas non plus être remise en place dans le cotyle. Une résection arthroplastie de la tête et du col fémoral est alors indiquée.
La dysplasie de la hanche (coxo-fémorale) :
La dysplasie de la hanche est une affection fréquente touchant principalement les chiens de grande race. Cette maladie est due à un développement anormal de la hanche lors de la croissance du chiot. La dysplasie de la hanche engendre une laxité de l’articulation de la hanche. De ce fait, la tête fémorale et le cotyle (cavité articulaire) se déforment en s’aplatissant. De l’arthrose apparait sur l’articulation et est la cause de douleurs. Généralement les signes cliniques de dysplasie de la hanche peuvent être décelés vers l’âge de 4 mois, mais le diagnostic est plus souvent réalisé vers 8 à 12 mois. Certains chiens ne montrent les premiers signes de dysplasie que vers 2 ans, voire quand ils sont âgés. Les signes cliniques peuvent d’abord apparaître comme une intolérance à l’exercice. Les sauts de lapin, la difficulté à se lever après un repos, une boiterie sur un postérieur, et l’atrophie des muscles des postérieurs sont des signes caractéristiques.
Dans la majorité des cas de dysplasie de hanche, la résection de la tête et du col femoral n’est pas indiquée. Des mesures nombreuses peuvent être mises en place à la maison pour aider les chiens atteints. Il existe aussi de nombreuses chirurgies qui peuvent être realisées et plus efficaces (symphysiodèse juvenile chez le jeune vers 4-5 mois, double ostéotomie du bassin vers 7-14 mois, prothèse de hanche ensuite). Une chirurgie de la hanche telle une résection arthroplastie de la tête et du col fémoral (ou une prothèse totale de la hanche) n’est donc indiquée que lors de gêne importante et persistante et lorsque les mesures médicales hygiéniques recommandées ont déjà été appliquées.
Pronostic :
Le pronostic est favorable à environ 80% pour la reprise d’une fonction satisfaisante du membre. Lorsqu’une récupération optimale est souhaitée, la prothèse de hanche est la chirurgie de référence pour sauver l’articulation de la hanche. Le taux de succès est meilleur, mais aussi la récupération peut être totale.
Comment se déroule l’intervention chirurgicale ?
L’animal est anesthésié et le membre est entièrement tondu. Une surveillance anesthésique est mise en place.
Une incision est réalisée sur la face latérale de la hanche.
L’articulation de la hanche est exposée, une ostéotomie (une section) du col fémoral permet le retrait de la tête et du col fémoral.
Les plans musculaires, sous-cutané et cutané sont refermés.
Après la chirurgie, un tissu fibreux se forme dans la région de l’articulation de la hanche, empêchant ainsi le contact entre l’os du bassin (acétabulum) contre le fémur créant une pseudo-articulation. La masse musculaire maintient la hanche en place. La patte opérée sera légèrement plus courte qu’en pré-opératoire, mais cela ne cause pas de problème fonctionnel.
Soins post-opératoires et recommandations :
Des soins sont prodigués à votre animal, le contrôle de la douleur post-opératoire est géré au besoin avec plusieurs médicaments dont la morphine.
Chez vous, des médicaments seront prescrits pendant quelques jours.
L’activité n’est pas limitée après la chirurgie, hormis pendant les 10 premiers jours où celle-ci doit être contrôlée.
En fait, l’exercice permet de limiter la formation d’adhérences et donc de maintenir la mobilité de l’articulation de la hanche. La rééducation doit être réalisée jusqu’à ce que l’animal utilise normalement sa patte. Ceci consiste en des mouvements de flexion et d’extension de l’articulation de la hanche. La nage lorsqu’elle est possible est une autre forme de physiothérapie. Il est aussi recommandé de prendre un rendez-vous avec un spécialiste en physiothérapie afin de déterminer un programme de rééducation.
La plupart des animaux commencent à poser la patte et à s’y appuyer dans les 2 semaines suivant la chirurgie. L’appui se montre progressivement plus franc et la récupération est bonne en 2 à 3 mois.
Votre animal doit être réexaminé 1 mois après la chirurgie afin de s’assurer que tout se déroule correctement.
La plupart des petits animaux vont très bien après cette intervention. Pour les animaux de plus grande taille, une faiblesse peut-être observée sur le membre opéré. Ceci est du à la musculature supportant la hanche, un exercice trop important pouvant mener l’animal à boiter. Des anti-inflammatoires peuvent soulager l’animal en cas de besoin.
Quelles sont les complications possibles ?
Comme lors de toute chirurgie, des complications peuvent survenir. Bien que rare, un décès lors de l’anesthésie peut survenir. Grâce à l’utilisation de protocoles anesthésiques adaptés et d’appareils de monitorages moderne (ECG, oxymétrie pulsée), le risque est minimisé.
L’infection est une complication possible malgré l’utilisation de techniques de stérilité stricte pendant l’intervention.
Une ankylose articulaire peut survenir. Elle est généralement due à un manque de rééducation. Si votre animal n’utilise pas correctement après 2 ou 3 semaines, des anti-inflammatoires peuvent être nécessaires associé à des séances de physiothérapie.
La lésion du nerf sciatique est possible durant la chirurgie.
RÉFÉRENCES
Dunié-Mérigot A, Bouvy B (2008). La dysplasie coxofémorale juvenile chez le chien. Pratique Vet. 43:516-519.
Valin I, Fau D, Gatineau M, Bouvy B (2007). La dysplasie coxofémorale. Pathogénie et diagnostic. Point Vétérinaire 281, 1-5.