Signes cliniques du tétanos chez le chien
On distingue des formes focales et des formes généralisées :
Dans les formes focales, le tétanos peut se manifester par des contractions involontaires et soutenues des muscles proches de la plaie d’inoculation (membres, tête). L’expression du visage du chien est modifiée par un trismus, de la dysphagie, une salivation excessive, une protrusion de la membrane nictitante et une énophtalmie.
Tétanos chez le chien montrant une contracture des muscles des oreilles
Lors de tétanos généralisé, l’infection peut se manifester par une rigidité musculaire globale, une boiterie, des difficultés respiratoires (dyspnée), un port de queue relevé, de la dysphagie.
Dans la moitié des cas, une progression sévère est observée, en moyenne sur 4 jours (de 0 à 14 jours) vers un décubitus latéral et des spasmes musculaires sévères. Le système nerveux autonome peut être atteint, provoquant alors des troubles du rythme cardiaque, des troubles urinaires, … L’évolution terminale du tétanos peut conduire à une paralysie respiratoire et un arrêt cardiaque.
Tétanos généralisé chez un chien
Chez le chien, une classification de la sévérité des signes cliniques a été établie : signes faciaux seuls (classe 1), rigidité généralisée ou dysphagie avec /sans signes faciaux (classe 2), animal en décubitus latéral ou crises convulsives (classe 3), constantes cardiaques, respiratoires ou pression artérielle anormales sur des chiens présentant les signes précédents (classe 4). Plus la classe est élevée, moins le taux de survie est bon.
Comment confirmer le diagnostic de tétanos
Le diagnostic est fondé sur les signes cliniques, l’historique du chien et la combinaison d’arguments en faveur de la maladie.
Une analyse sanguine peut confirmer la souffrance musculaire (augmentation des créatinines kinases ou CK), l’hémogramme étant généralement normal.
L’analyse du liquide cérébro-spinal (LCS) est normale.
Un examen électrodiagnostique (EMG) peut confirmer la tétanie musculaire.
L’isolement de la bactérie ou la recherche de la toxine peuvent s’avérer difficiles (non disponibilité des tests, croissance difficile en milieu de culture).
Traitement du tétanos du chien
Le traitement du tétanos du chien comprend 3 volets :
- La neutralisation des toxines circulantes (sérum antitétanique). Chez le chien, il n’est pas démontré que l’administration de sérum antitétanique apporte un bénéfice pour ralentir la sévérité, la durée de la maladie ou améliorer le taux de survie. Des risques de réactions anaphylactiques existent.
- La destruction des bactéries pour arrêter la production de toxines (nettoyage des plaies, administration d’antibiotiques adaptés),
- L’atténuation des manifestations cliniques de l’intoxination (antispasmodiques).
Afin de contrôler au mieux les spasmes, toute stimulation sensorielle doit être évitée (chien placé à l’obscurité, au calme, voire tranquillisé médicalement). Des myorelaxants sont prescrits. Parfois, une anesthésie générale peut être instaurée.
Lors de tétanos généralisé, des soins intensifs sont indispensables pour la survie de l’animal : prévention de bronchopneumonie par fausse déglutition, sonde nasotrachéale ou trachéostomie en cas de paralysie laryngée, sonde de gastrotomie, soins de décubitus prolongé, …
Pronostic du tétanos du chien
Le pronostic lors de tétanos est réservé. La récupération dépend de la réussite du traitement de soutien de l’organisme jusqu’à guérison de l’infection. La plupart des chiens survivants présentent une amélioration dans les 5 à 12 jours suivants le début de la maladie. La présence d’anomalies du système nerveux autonome (troubles de la fréquence cardiaque, de la tension, troubles urinaires) est de mauvais pronostic.
La durée moyenne d’hospitalisation est de 13 jours, et le taux de décès est de 20 à 50% des cas, ce pourcentage étant plus élevé lors de forme généralisée.
Lorsqu’une rémission est observée, une récupération peut demander jusqu’à 3 à 5 mois après le début de la maladie.
AUTEURS
DR CAUZINILLE, Spécialiste en neurologie
DR ROBIN, Résidente du Collège Européen de médecine interne