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La leishmaniose chez le chien est une maladie parasitaire chronique due à Leishmania infantum. Ce parasite, de très petite taille, est de la famille des trypanosomes. Il infeste certaines cellules de l’organisme du chien contaminé. La maladie est transmise par la piqûre d’un moustique (Phlebotome). En une quinzaine de jours, le moustique pourra, à l’occasion d’une autre piqûre participer à la transmission de la maladie à un autre chien, mais aussi à un lapin, un lièvre, un chat ou un homme.
Le moustique, actif d’avril à octobre, vit préférentiellement dans les zones du pourtour méditerranéen. Une forte progression de la maladie vers le nord-ouest est néanmoins observée depuis quelques années.
Les cas humains sont rares en France (environ 20 à 40 cas par an) et touchent surtout les personnes âgées ou immunodéprimées. En zone d’endémie, beaucoup de personnes hébergeraient le parasite sans développer de signes cliniques.
En revanche, le chien paie un plus lourd tribu à cette maladie qui est en extension. En 2000, 17 départements étaient infectés. En 2011, ils sont 21.
Dans les zones à risque, on considère qu’environ 2,5 % des chiens déclenchent une leishmaniose maladie.
En France, 200 000 chiens seraient infectés, mais tous les chiens infectés ne développent pas la maladie (1 chien malade pour 3 à 5 chiens infectés par le parasite). Les animaux les plus sensibles déclenchent la maladie dans les mois qui suivent l’infection par la piqûre de moustique. D’autres, resteront porteur du parasite pendant plusieurs années et ne deviendront cliniquement malade qu’en prenant de l’âge ou à l’occasion de stress divers.
Chez un chien infesté, la leishmaniose n’évolue en maladie que si sa réponse immunitaire est inadaptée. Il a été montré que certaines races présentent une réponse immunitaire leur procurant une certaine résistance (réaction de type Th1 chez le lévrier des Baléares) alors que chez d’autres la réponse est inefficace en terme de protection (réaction de type Th2 comme le Boxer).
Une chienne infectée peut transmettre la maladie à ses chiots, en particulier dans les races prédisposées comme le Boxer. Par précaution, les chiens séropositifs doivent être retirés de la reproduction.
Dans sa forme dite classique, la Leishmaniose canine s’exprime par des symptômes très divers tels que : abattement, amaigrissement (parfois très important), gros ganglions, diverses lésions de la peau (perte de poils, squames, ulcères cutanés), allongement des griffes, saignement de nez, … Dans certains cas on observe aussi des troubles nerveux, oculaires (uvéite), locomoteurs (boiteries), digestifs, …
Des cas de myosite, en particulier des muscles masticateurs sont décrits.
Compte tenu des particularités de transmission de la maladie et des données géographiques concernant les lieux de vie du moustique, les commémoratifs de séjour en zone à risque dans les mois ou années qui précèdent sont une information importante.
Certains cas peuvent survenir sur des chiens n’ayant jamais séjourné en zone à risque mais ils demeurent peu fréquents.
Le tableau clinique, souvent très polymorphe, rend le diagnostic de certitude difficile, c’est pourquoi il est nécessaire de recourir à des analyses. Leur objectif est double : mettre en évidence le parasite (ou des traces de sa présence) et donc avoir un diagnostic de certitude, mais aussi évaluer les répercussions de la maladie sur l’organisme : anémie, manque de globules blancs, insuffisance rénale, … Plusieurs types d’examens permettent d’obtenir un diagnostic de certitude : prise de sang, prélèvement cutané, ponction de ganglion ou de moelle osseuse, etc
Même si certaines avancées en matière de traitement ont vu le jour depuis une dizaine d’années, la leishmaniose canine reste une maladie grave.
Chez les chiens peu infestés et présentant peu de symptômes (stade 1), le pronostic est bon. Pour les formes graves, avec insuffisance rénale (stade 4), le pronostic est sombre.
Chez la plupart des animaux les traitements permettent de contrôler les symptômes mais pas de débarrasser le chien du parasite et les rechutes ne sont pas exceptionnelles. Les traitements sont longs, parfois contraignants et potentiellement toxiques pour la fonction rénale.
Après traitement, les chiens doivent être régulièrement évalués car les rechutes ne sont pas exceptionnelles. Elles doivent donner lieu à une reprise du traitement.
La prévention de la leishmaniose est donc une approche essentielle.
Longtemps fondée sur la lutte contre le moustique vecteur, la prévention de la Leishmaniose canine est profondément modifiée par l’arrivée en septembre 2011 d’un vaccin spécifique.
• Prévention chez le chien sain
Votre chien n’est pas porteur de la maladie et ne séjourne pas dans une région à risque. Il n’y a pas de précaution particulière à prendre.
Votre chien n’est pas porteur de la maladie mais doit se rendre dans une région à risque. Dans ce cas, il faut éviter au maximum les piqûres de moustique en utilisant des insecticides adaptés (contenant des pyréthrinoïdes) en respectant très scrupuleusement les modalités d’utilisation. Elles diffèrent selon qu’il s’agit de colliers, de spray ou de spot-on. Il faut aussi éviter de laisser le chien dehors pendant les périodes à risque (tombée du jour en particulier).
Votre chien fait des séjours fréquents ou vit en permanence dans une zone à risque. En plus des mesures précédentes, une vaccination est maintenant recommandée. Elle divise par quatre le risque de développer la maladie.
• Prévention chez le chien infecté
Un chien est dit infecté s’il est porteur du parasite sans en souffrir, c’est-à-dire sans montrer de symptôme particulier. La connaissance de son statut de chien infecté est obtenue à partir d’une analyse sanguine. Ces animaux sont susceptibles de développer la maladie à la faveur d’un stress, d’une autre maladie, … qui vont diminuer ses défenses naturelles (on parle d’immunodépression). Une surveillance médicale et des tests sanguins réguliers sont nécessaires. L’utilisation d’insecticides est également importante (évite une sur-contamination et diminue le risque pour les autres chiens). Il ne faut pas vacciner ces chiens.
• Prévention chez le chien malade
Outre le traitement spécifique de la maladie, les mesures préventives précédentes sont à mettre en œuvre. Il n’y a pas lieu de vacciner ces animaux.
Depuis septembre 2011, un vaccin contre la leishmaniose canine est disponible. C’est une avancée considérable pour la prévention de cette grave maladie du chien. La vaccination permet de diviser par 4 le risque de développer la maladie.
La vaccination n’empêche pas l’infection du chien mais augmente sa résistance à la maladie en renforçant son immunité.
La vaccination s’adresse en priorité aux chiens non infestés vivants (ou se rendant fréquemment) dans les régions à risque. Elle ne dispense pas des mesures préventives exposées précédemment.
La vaccination se fait à partir de l’âge de 6 mois, chez un animal non infecté. Un dépistage préalable est donc nécessaire. Elle demande 3 injections séparées de 3 semaines et un rappel annuel. Il est souhaitable de vermifuger le chien avant la vaccination. Elle ne doit pas être faite en même temps que les autres vaccins (délai de 2 semaines).
La protection est obtenue 4 semaines après la 3ème injection. Si votre chien doit aller dans une zone à risque, la vaccination doit donc commencer environ 2,5 mois avant son départ.
Des petites réactions post-vaccinales sont possibles chez environ 10 à 25 % des chiens (réaction locale, abattement, fièvre).
Bourdeau (P), Bourdoiseau (G) – Webconférence Virbac janvier 2016, La semaine vétérinaire, n° 1661, 12 février 2016, 24-25