Un furet mâle adulte est présenté en urgence pour une paralysie du train arrière évoluant depuis la veille. Aucun antécédent médical majeur n’est connu, à l’exception d’une cardiomégalie sans évolution. Aucune anomalie significative n’est rapportée sur l’examen clinique général, exceptée une vessie de grande taille avec une miction par trop-plein en goutte à goutte. L’examen nerveux permet de mettre en évidence une paraplégie des membres pelviens avec une nociception conservée bilatéralement. Les réflexes médullaires sont normaux à augmentés. Un inconfort est objectivé à la palpation du rachis lombaire. La glycémie est dans les valeurs usuelles.
1. Quel est votre diagnostic différentiel lors d'atteinte des membres pelviens chez un furet ?
Les troubles nerveux primaires ne sont pas courants chez les furets de compagnie. Ils résultent le plus souvent d’une maladie généralisée, comme une insuffisance cardiaque ou une hypoglycémie secondaire à un insulinome fréquemment rencontrés chez le furet, qui entraîne en général une parésie postérieure. En cas d’absence d’anomalie systémique, une atteinte nerveuse primaire doit alors être investiguée. Le diagnostic différentiel d’une atteinte de la moelle épinière thoraco-lombaire chez le furet doit inclure un traumatisme, une hernie discale, une méningomyélite infectieuse ou non et un processus néoplasique intramédullaire ou vertébral,qui peuvent causer des déficits nerveux allant d’une simple ataxie à une paralysie complète.
2. Quel(s) examen(s) complémentaire(s) proposeriez-vous lors d’atteinte des membres pelviens chez le furet ?
Lors de suspicion d’atteinte de la colonne vertébrale, des clichés radiographiques peuvent être réalisés afin de rechercher la présence d’une fracture ou d’anomalies osseuses telles que des lésions prolifératives ou lytiques. Une cytoponction échoguidée à l’aiguille fine de la (ou des) lésion(s) pourra venir compléter le diagnostic.
Si les radiographies ne sont pas suffisantes pour aboutir à un diagnostic précis, une myélographie ou des images en coupe (scanner ou IRM) peuvent être requises afin d’évaluer l’atteinte de la colonne ou de la moelle épinière. La myélographie reste un geste simple chez le furet et se réalise avec une aiguille spinale 22G, avec l’injection d’un produit de contraste comme l’iohexol à raison de 0,25 à 0,5 mg/kg. Si possible, une ponction du liquide céphalo-rachidien pourra être effectuée pour affiner le diagnostic inflammatoire. Les valeurs de référence pour l’analyse du liquide céphalo-rachidien chez le furet sont une protéinorachie située entre 28 et 68 μg/μL et un nombre de cellules nuclées situé entre 0 et 8 par μL.
3. A la lueur des informations anamnestiques, cliniques et paracliniques, quelle est votre hypothèse principale ?
Les clichés radiographiques du rachis thoraco-lombo-sacré révèlent une perte de radio-opacité du corps vertébral de L3. Les autres organes et structures visualisés sont dans les limites de la normale. L’analyse histologique après ponction échoguidée à l’aiguille fine a permis de mettre en évidence des anomalies cellulaires orientant vers un processus tumoral de type chondrome, sans pouvoir exclure un chondrosarcome.
4. Quelle approche thérapeutique proposeriez-vous pour ce cas précis ?
Du fait de la localisation du chondrome, une intervention chirurgicale n'est pas envisageable. Les autres traitements décrits comprennent une radiothérapie ou une chimiothérapie associée à de la prednisolone. Les chances de récupération fonctionnelle sont faibles et le pronostic global à court terme reste sombre. De plus, le défaut de vidange vésicale nécessite des soins réguliers, prédispose à une infection urinaire et peut être responsable d'une insuffisance rénale aigue à court terme.