EVALUATION DE LA PREVALENCE DE SURDITE NEUROSENSORIELLE CONGENITALE CHEZ UNE POPULATION DE 72 CHATS BLANCS DE PURE RACE EXAMINES DE 2007 A 2021 (BMC Veterinary Research, 2022)
Annemarie K, Liliana R, Małgorzata K, Andrzej P. Evaluation of the prevalence of congenital sensorineural deafness in a population of 72 client-owned purebred white cats examined from 2007 to 2021. BMC Vet Res. 2022 Jul 22;18(1):287. doi: 10.1186/s12917-022-03378-2
Les études les plus récentes étaient en faveur d’une prévalence de surdité neurosensorielle plus élevée chez les chats blancs aux yeux bleus. Cette étude a évalué l’audition de 72 chats blancs de race aux yeux bleus et ne démontre aucune corrélation significative entre la présence d'iris bleus et la présente d’une surdité.
Introduction :
La surdité neurosensorielle congénitale est particulièrement répandue chez les chats de race pour qui le gêne dominant autosomique blanc est présent. De nombreuses études ont montré l’absence de mélanocytes au sein de la stria vascularis de la cochlée, qui permet habituellement de générer le potentiel endocochléaire nécessaire à l’activation du potentiel électrique dans les cellules ciliées.
La cartographie génétique a permis de montrer que le phénotype du pelage blanc est associé à une mutation d’une partie du gêne KIT du chromosome B1 chez le chat. Ce gêne est entre autres responsable de la stimulation des mélanocytes.
Afin de retirer de la reproduction les chats atteints de surdité neurosensorielle, l’évaluation de l’audition par la réalisation d’un Potentiel Evoqué Auditif (PEA) chez les chatons à risque est souvent recommandée.
L’objectif de cette étude est d’évaluer la prévalence de la surdité neurosensorielle chez une population de chats blancs de pure race en Pologne en prenant en considération la couleur de leur iris.
Matériel et méthode :
L’étude a été réalisée entre Avril 2007 et Février 2021 et incluait un total de 72 chats répondant aux critères d’inclusion suivants : chat blanc de pure race âgé d’au moins 8 semaines, sans antécédents de maladie auriculaire ou d’administration d’un produit potentiellement ototoxique. Chaque chat a bénéficié d’un examen clinique, général et nerveux, et d’un examen PEA.
Résultats :
Parmi les 72 chats, 32 étaient des femelles et 40 des mâles. La moyenne d’âge était de 15 semaines. Les races suivantes ont été recensées : 27 Maine Coon, 23 Norvégien, 8 Sphynx, 7 British Shorthair, 6 Devon Rex et un Cornish Rex. Une surdité neurosensorielle était présente chez 16,7% des chats (12/72), avec une atteinte unilatérale chez 11,1% de ces derniers (8/72) et bilatérale chez 5,6% (4/72). Toutes les femelles présentaient une atteinte unilatérale uniquement.
Parmi les 12 chats avec double iris bleu, deux étaient atteints de surdité neurosensorielle (16,7%). Parmi les 14 chats avec un seul des deux iris bleu, deux chats étaient atteints de surdité (14,3%), qui était unilatérale et ipsilatérale avec l’iris bleu. Enfin, parmi les 46 chats restants sans iris bleu, 8 chats étaient atteints de surdité (17,4%).
Les analyses stastitiques de la population étudiée n’ont pas montré de prédisposition significative des chats ayant au moins un iris bleu à être atteints de surdité neurosensorielle. De même, que le chat possède un ou deux iris bleu(s) n’augmente pas la susceptibilité d’etre atteint de surdité.
De plus, en comparant les chats d’une race précise aux autres indivius examinés, aucune association significative avec la surdité neurosensorielle n’a été trouvée pour le Maine Coon et le Norvégien. La taille réduite des échantillons des autres races n’a pas permis de déterminer si des associations significatives entre ces races et la surdité neurosensorielle étaient présentes.
Conclusion :
La prévalence globale des chats de cette étude atteints de surdité neurosensorielle, estimée à 16,7%, était inférieure aux études antérieurement menées. De même, cette étude ne démontre aucune corrélation significative entre la présence d'iris bleus et la présente d’une surdité.
Par ailleurs, même si une attention particulière a été portée sur une éventuelle association entre certaines races et la présence d’une surdité, cette dernière n’a pu être démontrée au vu de l’échantillon limité ; d’autres études sont nécessaires.
Enfin, la nécessité de réaliser des PEA sur tout chaton blanc de pure race reste d’actualité afin d’écarter les chats sourds de la reproduction.