Présentation clinque :
Un chat âgé de 2 ans est présenté pour chute du 4 ème étage survenue la veille. L’examen oro-facial rapporte de multiples fractures dentaires avec exposition pulpaire, ainsi qu’une malocclusion, craquement à la manipulation et déviation des mandibules vers la D. La présence d’hématomes rétro-molaires, ainsi que l’absence de fractures osseuses ou d’instabilité en région dentée des mandibules oriente vers des lésions péri-articulaires ou coronoïdiennes.
Voici les clichés des deux articulations temporo-mandibulaires (ATM) :
Description radiographique :
L’examen radiographique révèle des lésions temporo-mandibulaires bilatérales. L’interligne articulaire G est homogène, excepté en regard du pôle médial du condyle où l’on observe un diastasis, avec rupture de continuité avec le reste du condyle et de la mandibule. Cette lésion est compatible avec une fracture intra-articulaire peu déplacée du pôle médial du condyle mandibulaire. La région temporo-mandibulaire D présente quant à elle un élargissement de l’interligne articulaire, avec discrète rotation horaire du condyle dans sa loge articulaire. On distingue une solution de continuité en regard du ramus mandibulaire à proximité de l’incisure sigmoïde (zone de transition entre le condyle et l’apophyse coronoïde). Le déplacement atteint plusieurs millimètres et est associé à la présence d’un fragment osseux intercalé entre les deux abouts osseux.
Représentation schématique de la région cranio-maxillo-faciale, avec la mandibule et ses différentes régions colorisées. Les aires radiographiées à l’aide du capteur CCD sont représentées en pointillés. Copyright® M. Guzu
Traits de fracture représentés à l’aide de lignes roses.
Discussion :
Du fait de la localisation juxta-articulaire D et de l’impossibilité de procéder à une ostéosynthèse par plaque, les lésions répertoriées chez ce patient sont éligibles à un blocage maxillo-mandibulaire. Un collage temporaire des canines est effectué en sous-occlusion centrée à l’aide d’une résine composite photopolymérisable. Une alimentation assistée par sonde oesophagienne est assurée jusqu’à dépose du dispositif 3 semaines après l’intervention. Le pronostic manducateur demeure bon à excellent pour peu que le paradigme de prise en charge soit respecté. Le scanner représente le standard diagnostique en traumatologie maxillo-faciale, mais a été décliné par les propriétaires. Il est par ailleurs très utile lors de la planification thérapeutique. Il a notamment été rapporté que celui-ci permet la détection de 2 fois plus de lésions maxillo-faciales que l’examen radiographique conventionnel chez le chat. (Bar-Am, Vet Surg, 2008) En association avec un examen clinique oro-facial exhaustif, l’utilisation d’un capteur CCD dentaire permet néanmoins d’orienter la prise en charge thérapeutique pour certains cas choisis en obtenant des images de meilleure qualité que des radiographies conventionnelles du crâne. Elles ont l’avantage de réduire les doses de rayons ionisants reçus par le patient (0.001 mSv contre 0.1 mSv). Les images radiographiques sont obtenues en positionnant le capteur (ici Sopix®, Acteon, Mérignac, France) sous la tête du patient, rostralement aux deux bulles tympaniques, à l’aplomb des ATM. Il est recommandé d’obtenir deux incidences radiographiques sur chaque ATM (dorso-ventrale et latérale-oblique), afin de soustraire le maximum de superposition de structures osseuses et mieux délimiter les reliefs osseux. En outre, cet examen procure une aide certaine lors de l’évaluation peropératoire des lésions temporo-mandibulaires (clichés pré- et post-réduction).