Résumé de : Guzu M., Numéro spécial « Gingivo-stomatites chroniques félines », Le Point Vétérinaire, 2023
Les gingivo-stomatites chroniques félines correspondent à une entité d’origine multifactorielle (dysimmunitaire, infectieuse, environnementale) nécessitant une approche thérapeutique multimodale. Elles peuvent s’avérer particulièrement débilitantes pour l’animal et difficiles à traiter. Les avulsions dentaires subtotales à totales demeurent le standard de soin dans l’approche de ce syndrome (Cocoon hygiensit, Actéon, Mérignac, France). Cette approche permet de guérir ou d’améliorer de façon patente les symptômes et les lésions ulcératives chez 70% des patients atteints en diminuant drastiquement la stimulation antigénique locale provoquée par la plaque dentaire (biofilm microbien). Une approche diagnostique systématique préalable, comprenant notamment une évaluation clinique et radiographique intra-orale est primordiale, afin de guider l’approche thérapeutique. La présence de lésions ulcéreuses rétromolaires bilatérales est quasi pathognomonique. Néanmoins, le diagnostic différentiel comprend des lésions induites par des malocclusions dentaires (granulomes pyogéniques), d’autres maladies dysimmunitaires, complexe granulomateux éosinophilique, gingivite, parodontite, résorption dentaire, ainsi que certaines affections néoplasiques (e.g. carcinome épidermoïde, sarcome à cellules fusiformes). Le portage combiné de FCV avec d’autres virus (e.g. FHV, FIV, FeLV et/ou de FFV - feline foamy virus) peut détériorer le pronostic. Des traitements complémentaires s’avèrent nécessaires chez les chats réfractaires à ce traitement de première ligne. L’ajout d’un traitement médical multimodal à visée antalgique, anti-infectieuse et immuno-modulatrice apparaît alors indispensable, afin de restaurer une bonne qualité de vie. Cette approche multimodale permet à l’heure actuelle d’atteindre un taux de réponse global d’environ 95%.
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Points clés :
- Des études de bonne qualité viennent appuyer l’efficacité de l’administration per os de ciclosporine, l’administration trans-buccale d’interféron oméga félin, ainsi que les transfusions de cellules souches lors de présentations réfractaires à la chirurgie exodontique.
- L’association de corticoïdes et antibiotiques itératifs, ARA 3000, lactoférine bovine, thérapies laser ou autres stratégies alternatives ou adjuvantes ne bénéficient pas à ce jour d’un support scientifique suffisant permettant de conclure à leur efficacité lors de gingivostomatite chronique féline au long cours et ne doivent constituer qu’un traitement d’attente en vue d’une prise en charge chirurgicale.
Contrôle clinique à 1 mois postopératoire chez le même patient révélant une guérison complète des lésions ulcéreuses buccales et des symptômes algiques associés après édentation totale.