L’isoérythrolyse néonatale est une maladie due à une incompatibilité entre les groupes sanguins de la mère et d’un ou plusieurs chatons
L’érythrolyse néonatale est une forme d’anémie hémolytique due à une incompatibilité immunitaire entre le groupe sanguin du chaton et celui de sa mère.
Si une chatte de groupe B est croisée avec un mâle de groupe A (génotype A/A, A/B ou A/AB), des chatons pourront être de groupe A ou AB.
La chatte de groupe B possède (le plus souvent) des anticorps naturels contre les globules rouges de groupe A (anticorps anti-A). Comme tous les anticorps, ils passent du sang maternel dans le colostrum. (photo 1)
Lors de l’allaitement, les anticorps du colostrum sont ingérés par le chaton, ils traversent son tube digestif et se retrouve dans son sang. Si le chaton est de groupe sanguin A (ou AB), les anticorps maternels « anti-A » vont détruire brutalement les globules rouges du chaton. On parle d’hémolyse (ou d’érythrolyse). (photo 2)
Il n’a jamais été obervé d’érythrolyse néonatale chez des mères de groupe A ayant des chatons de groupe B ou AB.
Dans une portée, tous les chatons n’étant pas obligatoirement du même groupe, ils ne seront pas tous concernés.
Photo 1 : Chez une chatte de groupe sanguin B, on trouve (le plus souvent) dans son sang des anticorps naturels contre les globules rouges de groupe A (en bleu), appelés anticorps-anti A. Ces anticorps anti-A passent dans le colostrum et seront ingérés par les chatons lors des premières têtées.
Photo 2 : Chez un chaton de groupe sanguin A, les globules rouges sont porteurs d’un antigène A (triangle bleu). En ingérant le colostrum de la mère de groupe B, les anticorps anti-A passent dans le sang du chaton. Ils vont détruire massivement ses globules rouges.
Les signes cliniques
A la naissance, aucun signe clinique n’est présent.
L’évolution peut se faire selon plusieurs modes :
- Il existe des évolutions sur-aiguës dans lesquelles les chatons meurent en quelques heures sans signe clinique significatif. On parle souvent de syndrome de dépérissement du nouveau-né.
- Dans d’autres cas, le chaton s’affaiblit en quelques heures, refuse de têter. Ses muqueuses deviennent pâles, des pétéchies apparaissent, les urines sont « couleur café », parfois un ictère est présent et il meurt en 24 à 72 heures. (photo 3)
- Il existe également des formes sub-aiguës, notamment si les chatons sont retirés précocément de leur mère. Un certain nombre peut survivre mais d’autres pourront présenter des lésions de nécrose des extrémités ou de la queue au bout d’une quinzaine de jours.
Le diagnostic
Tout dépérissement d’un chaton dans les premières heures ou jours doit faire penser à cette affection, en particulier dans les races à risque. Le typage sanguin de la mère et du (ou des) chaton(s) ainsi que des examens hémato-biochimiques permettront de confirmer une suspicion clinique.
Pronostic et traitement
Les chatons à risque ou débutant une érythrolyse doivent être séparés de leur mère et alimentés avec un lait maternisé pour chat ou par une mère d’adoption.
Dans certains cas, une transfusion sanguine peut être nécessaire. Il faudra la faire de préférence avec le sang de la mère. En effet, les anticorps anti-A du colostrum ne détruiront pas les globules rouges maternels et le chaton ne dispose pas encore d’anticorps anti-B puissants.
Le pronostic est généralement très réservé avec un taux de mortalité élevé en quelques jours dans la majorité des cas.
Prévention
La prévention passe par le typage sanguin des chattes, en particulier dans les races à risque. Les portées des chattes de groupe B sont à surveiller étroitement et le typage sanguin des chatons devra être effectué sur le sang du cordon ombilical avant toute têtée si ces chattes ont été croisées avec un mâle de groupe A. Les chatons de groupe A (ou AB) devront être séparés de la mère à la naissance et allimentés avec le lait d’une chatte de groupe A ou du lait maternisé pour chatons, pendant au moins 24 à 72 heures. A l’issue de ce délai, la quantité d’anticorps anti-A dans le lait maternel et leur absorption par l’intestin du chaton est moindre et le risque d’accident aigu écarté.
Prédisposition raciale
Une prédisposition est rapportée dans toutes les races dans lesquelles on trouve des individus de groupe B, en particulier si la prévalence de ce groupe est importante.
Ce syndrome est notamment décrit chez : Abyssin, Birman, Bristish shorthair, Chartreux, Persan, Peterbald, Rex Cornish, Rex Devon, Somali, Sphynx …
RÉFÉRENCES
Bussiere H Les groupes sanguins dans l’espèce féline : synthèse bibliographique et étude de la prévalence chez le Chartreux en France. Thèse Méd Vét 2009, 109 p