Traitement
Lorsque l’abcès est bien circonscrit et facilement mobilisable, il est possible de le retirer en masse sans percer la coque. Cette technique est idéale et permet d’éviter la contamination des tissus environnant et limite donc les récidives.
Lorsque l’abcès est diffus ou se situe au niveau de la face la coque est systématiquement percée. Deux méthodes sont possibles.
La première est conservatrice et permet de garder l’intégrité du revêtement cutané surplombant l’abcès. Elle consiste à ouvrir et vider l’abcès puis à placer une compresse imbibée d’antibiotique dans la cavité avant de la refermer. Cette technique nécessite une visite hebdomadaire pendant plusieurs semaines afin de changer la compresse et d’inspecter la cavité. Lorsqu’il n’y a plus de formation de pus, la cavité est refermée définitivement sans compresse.
Le traitement local est associé à un traitement antibiotique par voie générale. Les avantages de ce procédé sont avant tout le confort postopératoire de l’animal comparé à la méthode non-conservatrice. L’animal est moins douloureux, il remange seul plus rapidement et les soins locaux sont moindres pour le propriétaire.
Cette méthode nécessite également la réalisation d’une analyse bactériologique afin d’identifier le germe impliqué et l’antibiotique le plus efficace pour les traitements local et général.
Traitement d’un abcès par technique conservatrice.
Le traitement non conservateur consiste à vidanger et rincer l’abcès puis à laisser la plaie ouverte afin d’effectuer un rinçage et une désinfection journalière de l’abcès.
La cicatrisation se fait alors par seconde intention. Cette méthode est plus douloureuse et nécessite souvent une hospitalisation de quelques jours afin de gérer l’analgésie et de surveiller la reprise de l’alimentation et le maintien d’un transit normal. Le résultat de l’intervention est souvent impressionnant puisque, selon la taille de l’abcès, une partie plus ou moins importante de peau est retirée laissant les tissus à vif. Cependant cette méthode est le traitement de choix des abcès de la face car elle permet une désinfection efficace de la lésion, limitant ainsi les récidives. La mise en place de bille imprégnée d’antibiotique sur le site de l’abcès est également réalisable.
Précautions
L’ensemble des techniques citées ci-dessus nécessite une anesthésie générale plus ou moins lourde selon l’étendue et la gravité des lésions. Pour la première méthode une incision cutanée elliptique est réalisée en regard de l’abcès. Les attaches entre la coque de l’abcès et le tissus sous cutané sont rompues et l’abcès est retiré en masse avec une partie de la peau le recouvrant. La peau est ensuite suturée normalement.
La méthode conservatrice consiste à ouvrir régulière ment l’abcès pour remplacer la compresse d’antibiotique installée initialement. A chaque nouvelle intervention, un morceau de peau est retiré au moment de l’incision afin de réduire le volume de la cavité de l’abcès. Lorsque l’on réalise la technique non conservatrice, une partie du revêtement cutané est retiré afin que la peau soit suturée directement aux tissus sous-jacents en fin de procédure. Ce procédé est appelé marsupialisation et permet de garder la cavité de l’abcès ouverte pour nettoyer régulièrement le site. La cicatrisation se fait seule dans un deuxième temps.
Vue per opératoire d’un abcès de lapin et chirurgie | Lapin juste après une chirurgie d’abcès dentaire, la plaie va se refermer petit à petit
Complications
Parfois lorsque toute la mâchoire est infectée, il est possible de la retirer en partie, on parle d’hémimandibulectomie.
Les complications directes de ce type d’intervention sont les récidives d’abcès sur le site chirurgical ou sur un site adjacent. Lorsque la peau est complètement suturée, la plaie peut dans certains cas s’infecter ou déhiscer.
Cela se produit notamment lorsque l’hygiène de la plaie n’est pas maintenue. Indirectement on peut observer de l’abattement et de l’anorexie dans les jours suivant l’intervention. Cela est le plus souvent dû à la douleur liée à la chirurgie. L’analgésie et l’alimentation forcée sont alors les principaux enjeux.
AUTEUR
DR HUYNH, Spécialiste des Nouveaux Animaux de Compagnie