Prédispositions raciales à l’œdème pulmonaire cardiogénique du chien et du chat
Tous les chiens, de toutes les races peuvent présenter un jour un œdème pulmonaire cardiogénique s’ils sont atteints d’une maladie cardiaque touchant le cœur gauche.
Les races considérées comme présentant une prédisposition sont celles les plus touchées par des maladies cardiaques comme par exemple la maladie valvulaire dégénérative mitrale (Cavalier King Charles ou les races de petites taille) ou la myocardiopathie dilatée (Doberman, Boxer et autres races de grande taille).
Tous les chats, de toutes les races peuvent présenter un jour un œdème pulmonaire cardiogénique s’ils sont atteints d’une maladie cardiaque touchant le cœur gauche.
Chez le chat, ces maladies touchent le plus fréquemment le muscle cardiaque et sont appelées myocardiopathies.
Radiographie du thorax chez un Cavalier King Charles en oedème pulmonaire. Le chien est couché sur le côté. Le coeur est très gros, signe d’une maladie cardiaque. On peut également voir une partie des poumons normaux (*), apparaissant en noir sur l’image et des poumons contenant de l’eau (**) apparaissant en blanc
Signes cliniques de l’œdème pulmonaire cardiogénique du chien et du chat
Un chien présentant de l’œdème pulmonaire a moins d’air dans les poumons pour respirer qu’un chien normal (cet air étant remplacé par du liquide). Le premier signe d’appel sera donc une respiration plus rapide et plus difficile (mouvements respiratoires augmentés).
Le chien peut également présenter de la toux mais plutôt d’intensité faible.
Dans les cas les plus sévères, de la mousse rosée peut être recrachée ou être trouvée dans la gueule du chien.
Un chat présentant de l’œdème pulmonaire a moins d’air dans les poumons pour respirer qu’un chat normal (cet air étant remplacé par du liquide). Le premier signe d’appel sera donc une respiration plus rapide et plus difficile (mouvements respiratoires augmentés) avec éventuellement une respiration «gueule ouverte».
A l’inverse du chien, le chat présente peu fréquemment de la toux secondairement à un œdème pulmonaire.
Comment confirmer le diagnostic d’œdème pulmonaire cardiogénique chez le chien et le chat
La première étape consiste en la réalisation d’un examen clinique rigoureux en accordant une attention particulière sur le système cardiovasculaire. Il permet d’évaluer la fréquence respiratoire et l’auscultation des bruits respiratoires. En cas d’œdème pulmonaire sévère, des anomalies appelées crépitements peuvent être entendues.
L’auscultation cardiaque permettra quant à elle de révéler la présence d’un souffle cardiaque et de le caractériser (intensité, localisation).
Dans un second temps, parfois après stabilisation de l'animal avec des médicaments, des examens complémentaires devront être réalisés afin de confirmer la présence de l’œdème et sa sévérité.
Des clichés radiographiques du thorax mettront en évidence la présence de lésions pulmonaires. Ces lésions sont secondaires à l’eau contenue dans les poumons et donneront un aspect «blanc» aux poumons à la place de leur apparence normale «noire».
Dans le cas de l’œdème pulmonaire d’origine cardiaque, la taille du cœur pourra également être calculée et sera, dans la majorité des cas, augmentée.
L’échocardiographie permet de rechercher la cause d’un œdème pulmonaire cardiogénique. Ici sur un chien atteint d’endocardiose de la valve mitrale. Les lésions de la valve se traduisent par un aplatissement (flèche pleine). Le Doppler couleur visualise le jet de sang qui remonte dans l’oreillette gauche (AG) (flèche vide)
Une échocardiographie permettra de déterminer de quelle maladie cardiaque souffre l'animal et son stade ou si la maladie était déjà connue, son évolution par rapport au dernier examen. Cet examen est donc primordial pour la mise en place du traitement après la crise.
Traitement de l’œdème pulmonaire cardiogénique
Le traitement de l’œdème pulmonaire cardiogénique doit s’effectuer en deux étapes et dépend de la sévérité de l’œdème (donc de la quantité d’eau présente dans les poumons) :
- La première étape consiste en une stabilisation de l'animal, qui est le plus souvent très débilité. Une hospitalisation est nécessaire dans la majorité des cas et permet de mettre le chien ou le chat au calme, sous oxygène, afin de l’aider à mieux respirer le plus rapidement possible. Des traitements médicamenteux seront également administrés incluant, entre autre, des diurétiques permettant, comme leur nom l’indique, une évacuation de l’eau contenue dans les poumons par les urines.
- La seconde étape est la stabilisation au long terme du chien ou du chat cardiaque qui devra recevoir, toute sa vie, plusieurs médicaments aidant le fonctionnement du cœur.
Pour les chiens et le chats chez qui une maladie cardiaque est connue et qui sont régulièrement suivi par un cardiologue vétérinaire, les examens réguliers peuvent mettre en évidence la présence d’un œdème pulmonaire débutant et donc de le traiter efficacement dès son apparition, avant la crise aiguë. Le plus souvent, ces animaux ne devront pas être hospitalisés, une adaptation du traitement et la surveillance pourront être faites à la maison.
Pronostic de l’œdème pulmonaire cardiogénique
Le pronostic de l’œdème pulmonaire cardiogénique chez le chien ou le chat dépend de la sévérité de l’œdème et du stade de la maladie cardiaque qui en est responsable.
Les signes cliniques d’un œdème pulmonaire peuvent être très impressionnants mais se stabiliser rapidement sous traitement en hospitalisation. L'animal rentrera ainsi chez lui plusieurs jours après son hospitalisation avec un traitement pour le cœur. Il est donc nécessaire de laisser du temps au chien ou au chat de se stabiliser de sa crise aiguë avant de se prononcer sur le pronostic.
Des contrôles réguliers des animaux connus comme étant insuffisants cardiaques permettent très souvent d’anticiper la crise aiguë et donc d’éviter une prise en charge plus lourde.
AUTEURE
DR DAMOISEAUX, Docteur vétérinaire, spécialiste en cardiologie au CHV frégis
RÉFÉRENCES
Boswood A. Heart failure. In: Textbook of Veterinary Internal Medicine 8th. Elsevier. Missouri USA: Ettinger S.J., Feldman E.D., Côté E.; 2016