Quelle est la cause de la dysplasie du coude chez le chien ?
La dysplasie du coude du chien est une maladie à composante en partie héréditaire liée à un nombre important de gènes. Cependant, tous les animaux porteurs n’expriment pas la maladie. Il y a donc une difficulté certaine à l’éradiquer par la sélection génétique. Des facteurs extérieurs sont également impliqués dans l’apparition de la dysplasie du coude chez le chien comme une croissance trop rapide, une activité physique intense ou une alimentation inutilement riche en énergie.
Comment suspecter une dysplasie du coude chez le chien ?
La dysplasie du coude du chien est caractérisée par des signes de boiteries d’un ou des deux membres thoraciques, de façon plus ou moins prononcée souvent aggravée lors de l’exercice. La dysplasie du coude peut provoquer des boiteries chez les jeunes chiens de grande race par exemple et apparaître très tôt dès l’âge de 5 à 8 mois. On note parfois une modification des aplombs, déportés vers l’extérieur, que l’on caractérise de panard. Les chiens sévèrement atteints de dysplasie du coude seront enclins à refuser l’exercice et à rester couchés la grande majorité du temps.
Le déroulement de la consultation de dysplasie du coude chez le chien
Le principe consiste à faire au minimum un examen orthopédique et des radiographies des coudes. Certains cas nécessiteront un scanner des coudes. A l’issue de cela, une arthroscopie du coude ou une autre chirurgie est parfois proposée et réalisée sous anesthésie dans la journée de la consultation ou à une date proche.
Radiographie de profil d’un coude en position fléchie montrant une incongruence du processus anconé, le processus anconé ne s’est pas fusionné avec l’ulna ses contours apparaissent irréguliers
Comment se diagnostique la dysplasie du coude chez le chien ?
La précocité du diagnostic est importante chez les chiens suspects car la précocité du traitement est associée à un meilleur pronostic. Le diagnostic de dysplasie du coude ne peut effectivement être confirmé que par un vétérinaire.
Il s’appuie sur un faisceau d’éléments comprenant le type de chien, les signes rapportés par son maître, l’étude de sa démarche et de ses postures, l’examen orthopédique et l’examen radiographique (voire un scanner). Des clichés radiographiques du coude permettent de réaliser le diagnostic de non-union du processus anconé (NUPA) et parfois de l’ostéochondrite dissécante (OCD), de la fragmentation du processus coronoïde médial (FPCM) et de l’incongruence du coude. S’il existe une suspicion de fragmentation du processus coronoïde médial (FPCM) ou d’ostéochondrite dissécante (OCD), l’arthroscopie peut être proposée, celle-ci permet en même temps que le diagnostic, le traitement des éventuelles lésions. Certains éléments de cette évaluation comme des arthroscopies des coudes sont surtout pratiqués par des vétérinaires spécialistes en chirurgie des carnivores domestiques.
Comment se soigne la dysplasie du coude chez le chien ?
La chirurgie est dans la majorité des cas bénéfique, d’autant plus que le diagnostic est posé précocement.
L’animal est anesthésié et le membre à opérer est tondu. La préparation préopératoire dépend du type de chirurgie réalisée. En cas d’arthroscopie, la tonte est minimale car les incisions au nombre de 3 sont très proches et de petites tailles.
Lors de chirurgie de non-union du processus anconé (NUPA), une arthrotomie (ouverture de la capsule articulaire) est réalisée, puis le fragment osseux est soit enlevé, soit refixé par une vis.
Lors de fragmentation du processus coronoïde (FPCM) et de l’ostéochondrite dissécante (OCD), le fragment est ôté sous arthroscopie.
En cas d’incongruence du coude, une ou parfois plusieurs sections osseuses permettent de la corriger.
Les recommandations et soins post-opératoires
Radiographie du coude précédent après intervention chirurgicale, une ostéotomie ulnaire (trait noir au milieu de l’ulna) a été réalisée afin de diminuer les contraintes exercées sur le processus anconé
Des soins sont prodigués à votre animal. La douleur post-opératoire est gérée au besoin avec de la morphine. Chez vous, des médicaments seront prescrits.
La boiterie est franche en post-opératoire, s’amenuise ensuite pour généralement disparaître vers 3 semaines à 1 mois après. L’arthroscopie présente l’avantage de rendre le post-opératoire immédiat plus confortable. La récupération reste cependant variable d’un chien à l’autre.
Pendant les 6 semaines post-opératoires, le repos strict est de rigueur (marches en laisse pour les besoins). Les courses, sauts et jeux sont proscrits. L’activité sera ensuite progressivement augmentée.
Les recommandations et les soins post-opératoires, s’il y a lieu, vous seront expliqués en détail par un vétérinaire au moment de la sortie de votre animal. Un compte rendu détaillé vous sera remis à cette occasion. En cas de problème ou de questions vous pourrez joindre en permanence une infirmière et un vétérinaire par téléphone. Notre hôpital est ouvert sans interruption, 24h/24, 7j/7.
Le pronostic
Dans notre expérience, environ 90% des chiens atteints de fragmentation du processus coronoïde médial (FPCM) et 80% des chiens atteints d’ostéochondrite dissécante (OCD) du coude tireront bénéfice de la chirurgie. La plupart des chiens avec une non-union du processus anconé (NUPA) seront améliorés par l’intervention (environ 60% retrouvent une fonction normale, 30% vont mieux, et 10% n’en tirent pas de bénéfice).
Malheureusement, l’acte chirurgical ne permet pas d’éliminer l’arthrose présente dans l’articulation. En conséquence, certains chiens pourront conserver une raideur ou des boiteries suite à de gros efforts ou lors de changements de temps.
Les chiens qui ont des articulations sévèrement inflammatoires ou avec des cartilages très abîmés présentent un taux de succès moins important.
AUTEUR
DR RAGETLY, Spécialiste en chirurgie
RÉFÉRENCES
Griffon D (2012). Surgical disease of the elbow. In Veterinary Surgery. First edition (Tobias & Jonhston), Saunders CO, St Louis, 724-751
Beale B.S, Hulse D.A. Small animal arthroscopy. Saunders CO, Philadelphia 2003, 51-79 .